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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 18:42

Dans une étude publiée ce mercredi, l’OCDE juge que le financement par le crédit nuit, à long terme, à la croissance. L’organisation dénonce l’hypertrophie du secteur financier et les salaires trop élevés des banquiers.

Trop de Finance tue la croissance. En caricaturant à peine, c’est le constat dressé par l’étude (« Finance et croissance inclusive ») que publie, ce mercredi à Londres, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

 

 

En ces temps de crise qui s’éternise en Europe et de débats houleux sur l’accroissement des inégalités dans le sillage des travaux de Thomas Piketty , l’étude de l’OCDE, initiée fin 2012, à la demande des pays membres, brosse un panorama plutôt peu amène sur le comportement des banquiers et les dérives du système financier.

 

Premier constat : au cours des cinquante dernières années, les prêts des banques et autres intermédiaires aux ménages et aux entreprises ont augmenté trois fois plus vite que l’activité économique. Cette évolution pose aujourd’hui question.

 

Dans le détail, l’OCDE reconnaît pourtant que le développement du secteur financier permet généralement d’accroître la croissance économique. Sauf que ce constat vaut uniquement pour les pays dont le décollage économique débute. Autrement dit pour les pays en développement.

 

 

Lorsque les crédits intermédiés par les banques et autres institutions financières dépassent le seuil de 90 % du PIB d’un pays, une augmentation supplémentaire de ces crédits ne générera qu’une croissance moindre. Une hausse de 20 % à 30 % du PIB des crédits intermédiés permet d’augmenter la croissance économique de plus de 1 point de pourcentage, avance l’Organisation.

En revanche, poursuit elle, le passage de 100  % à 110 % du PIB se traduira par un recul d’un quart de point de cette même croissance. En clair une hypertrophie du secteur financier est nuisible.

 

 

Si cela ne s'affiche pas: clic ici!!!
Fort endettement des entreprises
 

L’OCDE se montre d’ailleurs plutôt réservée sur l’effet bénéfique du crédit. 

" Ajourd'hui, dans la plupart des pays de l'OCDE la ficalité encourage plus le financement par crédit des entreprises que par les marchés boursiers. Ce biais en faveur du crédit implique un trop fort endettement des entreprises et trop peu de capital ", avance l’Organisation.

Avant de poursuivre que cette situation « génère de l’instabilité, réduit la croissance et compromet l’investissement pour le futur ». « Ce biais fiscal en faveur de la dette favorise les crises. L’effet de levier a pour conséquence d’aboutir à des booms et des krachs plus violents. Il vaudrait mieux un financement par émission d’actions sur le marché boursier plutôt que par la dette », explique Boris Cournède, l’un des trois économistes auteurs de l’étude. A cela s’ajoute l’effet négatif des crédits octroyés aux ménages lesquels les destinent essentiellement à l’immobilier.

« Il faut revoir la politique du logement. Bon nombre de pays de l’OCDE, à l’instar des Etats-Unis, des Pays-Bas ou du Danemark aident fiscalement, par la déduction des intérêts de leurs emprunts, les ménages à acquérir leur bien immobilier. Ce qui a conduit à l’accumulation de crédits hypothécaires peu productifs pour favoriser la croissance », avance Boris Cournède.

 

Des banquiers surpayés

 

Deuxième constat et non des moindres : le développement du secteur financier alimente les inégalités de revenus .

D’une part, les ménages les plus aisés peuvent davantage tirer profit d’une offre de crédit plus abondante. Ils « ont les moyens d’emprunter davantage et le font de sorte qu’ils peuvent gagner plus que d’autres sur les possibilités d’investissement qu’ils identifient » avance l’OCDE.

D’autre part, l’hypertrophie du secteur financier génère une autre inégalité : celle des revenus. A diplôme et expérience égale, il vaut mieux être banquier que haut dirigeant dans une autre entreprise.

La prime salariale est proportionnelle au niveau hiérarchique. « Les salariés du secteur financier gagnent en moyenne 28 % de plus que partout ailleurs. Pour les 10 % de revenu les plus élevé, cette prime grimpe en moyenne à 40%. Elle atteint même 80 % à la City », constate Boris Cournède.

Certes, les banquiers ne sauraient être les seuls responsables de la croissance des inégalités dans le monde. Le secteur des banques ne représente que 4 % de l’économie dans sa globalité. Il n’empêche que l’opinion publique peut s’émouvoir de ces salaires mirobolants.

 

Effet pervers du « too big to fail »

 

D’autant que l’OCDE n’hésite pas à pointer du doigt un autre effet pervers à travers le sacro saint principe du « too big to fail » (NDLR : trop grosse pour faire faillite). Ce dernier pourrait être à l’origine de ces dérives salariales. La garantie implicite ou explicite d’un sauvetage par le contribuable de ces établissements dits systémiques a pu contribuer à favoriser le sur-paiement des employés, s’interroge l’OCDE.

 

Au total, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes dans le secteur de la finance. Sans aller jusqu’à s’en déclarer ennemie, comme l’a pu le faire François Hollande, l’OCDE appelle à un toilettage certain du secteur. Pour le bénéfice de tous.

 

« un trop grand recours au crédit bancaire » a pesé sur la croissance

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2 mai 2013 4 02 /05 /mai /2013 16:36

http://saintbrieuc-treguier.catholique.fr/sites/saintbrieuc-treguier.catholique.fr/IMG/jpg/page_1.jpg

 

Le trésorier de campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier, n’est pas le seul à avoir de l’argent aux Caïmans. Nous aussi. Vous aussi. Si si, vous allez voir.

 

Pour Gabriel Zucman, chercheur à l’Ecole d’économie de Paris, la question ne se pose même pas :


« Nous sommes tous un peu clients, indirectement, des Iles Caïmans. Toutes les institutions financières françaises – banques, compagnies d’assurance, etc. – font toutes du business avec ces îles. »


L’explication est simple. Les institutions financières françaises placent l’argent de leurs clients dans différents produits pour diversifier les risques. Et, dans ces portefeuilles de placements, se trouvent quasi systématiquement :


  • des « hedge funds », ces fonds spéculatifs adeptes d’un recours massif à l’endettement ;
  • des actions de sociétés américaines.

35 milliards de dollars « français »

http://www.sogival.com/images/map/cayman.gif


Or les fonds spéculatifs sont enregistrés pour la plupart aux Iles Caïmans – le pays est leader en la matière.


Et de nombreuses sociétés américaines sont domiciliées aux Iles Caïmans, elles y ont placé leur siège social (les entreprises européennes, elles, préfèrent les Pays-Bas).

C’est une situation que Barack Obama dénonçait d’ailleurs durant sa campagne de 2008, rappelant qu’un bâtiment (le Ugland House Building) servait à lui seul de boîte aux lettres à plus de 1 200 sociétés américaines.


Les Caïmans sont le sixième centre financier mondial, selon les données de la Banque des règlements internationaux.

La France y possède 35 milliards de dollars en titres financiers, selon les derniers chiffres du Fonds monétaire international (FMI) :

  • 14 milliards en actions (dont les hedge funds),
  • 21 milliards en obligations.

Mon assurance vie sous le soleil

http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRhWJgbzTiW-V1-CjbBOox5Elx9a_xdPP-4gdVwr75J8FQJZ91C


La probabilité qu’une partie de mon argent se trouve aux Caïmans est particulièrement forte si j’ai souscrit des parts d’une société d’investissement à capital variable (Sicav) (ou d’un autre organisme de placement collectif en valeurs mobilières, OPCVM) – c’est souvent le cas des titulaires d’assurances vie.

 

Et si le client choisit dans ces cas-là la composition de son panier (actions françaises, actions de pays émergents, obligations, etc.), il ne le fait qu’en fonction des informations dont la société de gestion dispose. Or, les systèmes financiers sont tellement interconnectés, qu’il est vite difficile de savoir qui est qui.


http://www.rue89.com/sites/news/files/styles/asset_img_half/public/assets/image/2013/04/la_grande_evasion_0.jpgLa moitié des Sicav détenues en France se trouvent ainsi en fait au Luxembourg, indique le journaliste Xavier Harel, auteur de « La Grande Evasion » (éd. Les Liens qui libèrent, janvier 2010) :

« Il y a des milliers de Sicav différentes, donc forcément, à un moment, il y a de fortes chances pour que ça passe par les Iles Caïmans. »

Rappelons que 62% des Français possèdent une assurance vie, selon les données de l’Insee. Et 19% possèdent des placements risqués comme les actions, les Sicav ou d’autres OPCVM. Ce sont eux qui ont le plus de « chances » d’avoir de l’argent aux Caïmans.


Mon compte en banque n’est pas épargné


La preuve par la crise des subprimes

Une grande partie des emprunts hypothécaires américains – les subprimes – ont été transformés en titres financiers. Cette opération a été effectuée aux Iles Caïmans : des sociétés ont là-bas créé des titres correspondant aux subprimes, et les ont mis en circulation, explique Gabriel Zucman.

 

Des investisseurs du monde entier ont acheté ces titres, en prenant « un peu de tout » pour leurs placements. C’est ainsi que les risques liés aux subprimes se sont propagés dans le monde entier : tout le monde en possédait un peu.

 

http://local.attac.org/rhone/IMG/rubon29.jpg


Si je n’ai pas d’assurance vie, pas de Sicav, juste un compte en banque classique, je ne suis pas pour autant épargné.


Le rôle des banques étant de prêter de l’argent, une partie des sommes que j’y dépose est prêtée à d’autres clients. Or, parmi ses clients, la banque peut très bien compter un Jean-Jacques Augier, dont je finance ainsi très indirectement les activités aux Iles Caïmans, comme le remarque Xavier Harel.


Surtout, les grandes banques effectuent des opérations spéculatives avec leur argent, qui est, en partie, le nôtre.


Plus d’une a ainsi frôlé la faillite lors de la crise financière. La Grande-Bretagne a du coup adopté un ensemble de dispositions en vertu desquelles les banques devront séparer les deux activités afin de mieux protéger leur clientèle en cas de nouvelles crises.


La France de François Hollande a fait semblant de l’imiter. Mais la réforme finalement votée n’a pas été à la hauteur de la promesse.


Certes, les banques françaises ont fortement réduit leurs activités spéculatives, pour fonds propres, depuis la crise, signale l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP) : les autorités de régulation les ont rendues plus coûteuses . Il n’en reste pas moins toujours possible de les pratiquer.


Des produits hors paradis fiscaux ?


Mettre fin à ce système ne serait pas très compliqué selon Xavier Harel :

« Il suffit que les autorité décident qu’il est désormais illégal d’avoir une relation avec une entreprise dont on ne peut pas connaître les bénéficiaires. C’est la manière la plus simple de viser les paradis fiscaux. »

Mais pour l’instant, seules quelques banques, comme le Crédit Coopératig ou la NEF, garantissent des placements hors paradis fiscaux, et sans spéculation.

 

 

Îles Caïmans : pas seulement un paradis « fiscal »

 

 Placement Argent Iles Cayman

 

 Paradis fiscaux: où les riches cachent leur argent

 

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 17:11

La chute rapide du prix de l'or ces derniers jours – sa plus forte baisse depuis plus de 30 ans – est un indicateur du fait que les tendances à la déflation s’intensifient dans toute l'économie mondiale.


Comme l'a demandé un commentateur du site Web Business Spectator australien : « Sommes-nous en train d'assister à une récession globale en train de se développer sous nos yeux ? »


Lundi 15 avril, le prix de l'or a baissé de 110 dollars par once, dépassant sa précédente plus forte baisse sur un jour qui avait été enregistrée en janvier 1980. Cela a été accompagné par ce que le Financial Times a décrit comme une « débâcle » sur les marchés des métaux, l'argent chutant de 11 pour cent. Les prix des biens de consommation ont également baissé dans leur ensemble.


Même s'il pourrait y avoir des mouvements à la hausse dans les prochains jours, cette vente à prix sacrifiés semble marquer un tournant important. L'afflux de monnaie injecté dans le système financier après l'effondrement de Lehmann Brothers en 2008 a vu la valeur de l'or monter rapidement. Considéré comme un refuge face aux monnaies de papier et à la dévaluation monétaire, il avait triplé sa valeur en trois ans, atteignant 1930 dollars l'once en septembre 2011.


Ensuite, durant les 12 mois suivants, le cours est resté stable avant d'entamer une baisse en octobre dernier qui a vu le prix baisser de 20 pour cent, l'essentiel de ce déclin intervenant ces quelques derniers jours. Il y a encore 10 jours, le prix de l'or était de 1600 dollars l'once. Il est actuellement à moins de 1400.


Cette baisse défie les attentes du marché qui pariait que, étant donné l'expansion continue de l'apport de monnaie dû aux programmes d'assouplissements quantitatifs des grandes banques centrales du monde, le prix de l'or augmenterait, ou au moins resterait ferme.


La perplexité générée par cette chute a été exprimée dans les commentaires de l'un des traders du marché cité dans l'Australian Financial Review. « Les bras m'en tombent, » a-t-il dit. « Les États-Unis impriment plus d'argent, le yen s'effondre avec l'accélération des impressions au Japon, donc nous avons le marché qui fait baisser à la fois le yen et l'or, alors que l'or, on ne peut pas en imprimer, ça n'a aucun sens. »


La chute du prix de l'or, en dépit de l'afflux de monnaie sur les marchés financiers indique que d'autres forces, plus puissantes, sont à l'œuvre. Un examen des opérations d'assouplissements quantitatifs indique les causes profondes.


La raison officielle des mesures historiquement sans précédent qui sont adoptées par les banques centrales dans le monde entier – l'injection de milliers de milliards de dollars dans le système monétaire par les achats d'obligations émises par les gouvernements – est que ce genre d'action d'urgence est nécessaire pour raviver l'économie. Mais cet afflux de monnaie ne sort pas des banques et autres instituts financiers.


Au lieu de financer de nouveaux projets d'investissements, ce qui stimulerait la demande et la production, l'argent fourni par les banques centrales a en grande partie servi à la spéculation sur les marchés des actions et des biens de consommation.


La montée sur ces marchés a eu lieu dans un contexte de tendances à la récession et à la déflation de plus en plus prononcées dans l'ensemble de l'économie mondiale, même un examen superficiel permet de le constater.


Aux États-Unis, le chômage est chroniquement élevé, avec une durée moyenne de 37 semaines en mars. En Europe, le chômage en Espagne, en Grèce et dans d'autres pays a atteint plus de 25 pour cent. Le chômage des jeunes est à plus de 50 pour cent. L'économie de la zone euro dans son ensemble s'est contractée l'an dernier et va stagner ou même se contracter encore plus en 2013.


Depuis la crise financière mondiale qui a éclaté en 2008, on a utilisé des flots de paroles pour affirmer péremptoirement que, quelles que soient les difficultés des vieilles économies développées, l'économie capitaliste mondiale pouvait être soutenue par la Chine et d'autres marchés prétendument émergeants.


Ces affirmations sont à présent démenties au quotidien. Le 15 mars, alors que l'or réalisait sa baisse historique, les autorités chinoises annonçaient que la croissance au premier trimestre de cette année avait été de 7,7 pour cent, en baisse par rapport aux 7,9 pour cent du dernier trimestre 2012, et bien inférieure au taux attendu de 8 pour cent ou plus.


Mais les chiffres seuls ne disent pas toute l'importance du changement qui a lieu dans l'économie chinoise. Comme Michael Pettis, professeur de finance à l'Université de Pékin et commentateur de longue date de l'économie chinoise, l'a noté, par le passé la croissance chinoise dépassait facilement les objectifs fixés par le gouvernement. Pas cette année.


Dans sa dernière déclaration officielle, le Premier ministre chinois Wen Jaibao a annoncé en quittant ses fonctions le mois dernier que l'objectif de croissance à 7,5 pour cent cette année serait difficile à atteindre. Il a dit qu'il y avait un « conflit croissant entre la pression à la baisse de la croissance économique et des capacités de production excédentaires. »


D'après un reportage de l'agence de presse Xinhua, les industries qui souffrent le plus de surcapacité comprennent la sidérurgie, le ciment, l'aluminium, le verre pour fenêtres, et la houille, qui opèrent à entre 70 et 75 pour cent de leur capacité totale.


De plus, les vraies données de la croissance chinoise pourraient bien être très en-dessous des chiffres officiels. Par le passé, la consommation d'énergie en Chine a augmenté plus vite que le Produit intérieur brut. L'an dernier pourtant, alors que la croissance était supposée avoir été de 7,8 pour cent, l'usage d'énergie n'a augmenté que le 5,5 pour cent.


Comme l'a fait remarquer Pettis, la croissance réelle pourrait n'avoir été que de 7,2 pour cent en 2011 et 5,5 en 2012 et d’« autres économistes […] suggèrent même des chiffres plus bas, plus proches de zéro. »


Autre manifestation des tendances mondiales à la récession et à la déflation, le gouvernement Sud-coréen a annoncé le 16 avril qu'il présentait un budget supplémentaire à hauteur de 15,4 milliards de dollars pour faire redémarrer l'économie. L'économie de la Corée du Sud a été frappée par une consommation intérieure anémique alors même que les revenus des exportations sont réduits en raison d'un yen japonais plus faible et de la baisse de la demande mondiale.


Le budget supplémentaire de la Corée du Sud est bien plus important qu’on n’avait anticipé quand des mesures de stimulus furent annoncées pour la première fois le mois dernier. Une déclaration du ministère des finances dit que : « l'économie est en perte de vitesse et le niveau de vie des gens se détériore alors que notre économie affiche une croissance [séquentielle] faible à moins de 1 pour cent depuis près de deux ans. »


Résumant l'état de l'économie mondiale dans son ensemble, le dernier indice de cheminement de la reprise mondiale, établi conjointement par la Brookings Institution et le Financial Times, a trouvé que celle-ci restait « coincée dans une ornière, incapable de soutenir une reprise convenable et susceptible de caler à tout instant. »


La chute du prix de l'or pourrait bien être la première indication d'une récession plus profonde. Elle pourrait également mettre en marche une nouvelle série de crises financières si les principaux investisseurs étaient pris dans le mauvais sens de ses girations. Et la ruée subite pour sortir du marché de l'or, qui a produit la très forte baisse de ces derniers jours, pourrait bien indiquer une sortie similaire du marché des actions ou d'autres marchés.

 

cours de l'OR: clic ici!!!

 

 Pourquoi la chute des cours de l'or est inquiétante

 

Les raisons qui font chuter les cours de l'or

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 16:48

http://www.economiematin.fr/images/explications-crise-financiere-chypre-zone-euro.jpg

Les banques chypriotes ont essuyé une perte de 4,2 milliards d'euros, soit plus de 24% du produit intérieur brut

 

Fin mars 2013, après plus d'une semaine de blocage des comptes bancaires de toutes les banques du pays, le gouvernement chypriote décide du plan qui sera en définitive appliqué pour éviter la faillite du système bancaire, sur la base du plan de l'Union européenne :


· Les dépôts bancaires en dessous de cent mille euros (montant de la garantie en vigueur au sein de l'Union européenne) seront exemptés de toute ponction financière.


· Par contre, les sommes au delà de cent mille euros déposées dans les deux plus importantes banques du pays seront transférées vers une nouvelle institution bancaire. Une partie importante de ces dépôts (entre 20 et 40% est-il estimé dans un premier temps... ensuite l'estimation porte jusqu'à 60%, voire 80% !) ne sera jamais remboursée aux déposants, mais prélevée pour rapporter 5,8 milliards d'euros et rembourser les créances des deux banques précitées, arrivées à échéance.

 

Il serait ainsi possible d'éviter la faillite pure et simple du système bancaire chypriote. C'est à ces conditions que l'Union européenne accepte in extremis d'accorder un prêt de dix milliards d'euros, indispensable pour financer les banques endettées.

 

http://cache.20minutes.fr/img/photos/20mn/2013-03/2013-03-22/article_chypre.jpg

 

Jeudi 11 avril 2013, coup de théâtre : le porte-parole du gouvernement chypriote, Christos Stylianides, annonce que Chypre devra trouver 6 milliards d'euros venant s'ajouter aux chiffres initialement annoncés, soit plus de 75% du PIB au total. En avril 2013, Chypre pourrait ne pas pouvoir payer ses fonctionnaires et retraités.

La crise chypriote est la nième étape catastrophique d'un long processus de désendettement mondial, qui loin d'être terminé, n'en n'est encore qu'à ses débuts : des milliers de milliards de dollars d'actifs inscrits au bilan de banques, de fonds de pension et d'assurances, d'entreprises et d'États sont surévalués sur la planète.

 

http://www.courrierinternational.com/files/imagecache/article/paulgrisot@gmail.com/1903-Ruben-Chypre-All.jpg

 

Depuis cinq ans, l'humanité commence à vivre la prise de conscience de l'immensité d'illusions dans lesquelles elle s'était enfermée depuis plusieurs décennies. L'heure est au retour à la prise en compte des valeurs économiques réelles : non seulement, il n'est plus possible de continuer de surévaluer nombre d'actifs bilantaires, mais corrélativement, il est par ailleurs devenu tout aussi impossible de croire qu'il serait envisageable un jour de rembourser toutes les dettes accumulées.

 

Lorsque l'endettement des États, des entreprises et des particuliers atteint un point tel qu'ils ne peuvent plus rembourser, ils sont soit acculés à la faillite, soit, lorsque c'est possible, acculés à restructurer leur dette : une partie de celle-ci ne sera alors remboursée qu'après les délais initialement prévus, voire ne sera plus remboursée du tout ! Le cas le plus spectaculaire connu par le public est celui de la Grèce, dont il a été décidé en octobre 2011 que 50% de la dette de l'État détenue par des banques privées serait purement et simplement annulée.

Une partie importante des dettes mondiales ne sera donc jamais remboursée. En contrepartie, il y aura donc toutes sortes de créanciers, de personnes physiques, d'institutions, de banques... qui devront accepter de perdre cet argent dont ils étaient les propriétaires.

Quelles sont les origines de ces déséquilibres majeurs et comment y remédier durablement ?

Un des facteurs généralement méconnu, provoquant des déséquilibres majeurs au sein de l'organisme économique

Les causes de la croissance sans fin des valeurs financières illusoires que le monde a connue ces dernières années, sont complexes et multiples. Une des causes les plus profondes à la base de cette tragédie sociale et économique, habituellement tout à fait inconnue des économistes, concerne la problématique de l'accumulation excessives de capitaux non « consommés » au sein de l'organisme économique. Je ne ferai qu'effleurer ce concept dans cet essai.

Dans tout organisme vivant coexistent nécessairement, dans un équilibre relatif, à la fois des processus « constructeurs » et des « processus déconstructeurs » de substances organiques. Par exemple, on trouve dans l'organisme humain, des tissus ou organes produisant continuellement des globules rouges et d'autres les détruisant constamment ; il en est de même au niveau du tissu osseux, dont des éléments sont en permanence produits et d'autres détruits.

 

Le métabolisme de tout organisme vivant est constitué du processus de l'anabolisme (élaboration, construction et renouvellement des tissus) et de celui du catabolisme (déconstruction et dégradation des tissus de l'organisme). S'il se produit un excès d'un processus constructeur (par exemple un excès de production de globules rouges) ou un excès du processus destructeur de substance organique, apparaît la maladie au sein d'un organisme vivant.

 

Un déséquilibre trop marqué en faveur d'un processus d'accumulation-construction ou de dégradation-déconstruction, peut conduire à la mort de l'organisme. Les deux types de déséquilibres peuvent coexister au sein d'un même organisme : à la fois un excès de processus d'élaboration d'un certain type de substance organique, et un excès d'un processus de dégradation d'un autre type de substance organique.


L'organisme économique étant un organisme vivant et non pas une machine, il est soumis aux mêmes lois nécessaires s'appliquant à tout organisme vivant : aux processus permanents de création de capitaux (ou de toute autre valeur économique d'ailleurs) correspondent nécessairement, au sein de cet organisme, des processus continuels de consommation-destruction de capitaux dans un relatif équilibre d'ensemble.

 

En particulier, l'accumulation de capitaux non productifs au sein de l'organisme social (c'est-à-dire des capitaux non mis en œuvre et non consommés, par exemple pour créer des moyens de production permettant d'augmenter la production de biens et de services, ou pour financer la vie de l'esprit (l'éducation, la santé, etc.)) doit nécessairement produire des états de déséquilibres économiques plus ou moins graves. Ceci est notamment le cas lorsque des capitaux sont fixés dans des biens fonciers sans en augmenter la productivité .

 

http://www.lesechos.fr/medias/2013/03/27/552904_0202666414344_web_tete.jpg

 

La douloureuse crise chypriote exige de l'humanité qu'elle se penche sur la question suivante : comment introduire dans le système économique mondial, un processus permanent (et non pas ponctuel et brutal) de restructuration (réduction) des dettes excédentaires du système (c'est-à-dire corrélativement aussi les capitaux excédentaires non productifs), pour ne plus en arriver à des accumulations aux risques explosifs, et ce, sans détruire l'économie elle-même, voire en l'assainissant (puisque la surévaluation des actifs bilantaires est déjà en soi symptomatique d'un état de « maladie ») ?

Les cris d'indignation et de révolte de la population chypriote montrent à quel point l'incompréhension de la nature des processus économiques, et de la nature de l'argent en particulier, est grande et produit des effets dramatiques.


Tentons de montrer, par quelques exemples de situations concrètes possibles telles qu'elles ont pu être vécues à Chypre, quelles directions emprunter pour améliorer notre compréhension de la nature de l'argent et sa régulation :

Exemple 1 :


Un retraité chypriote est contraint de déménager pour raison familiale. Il vient de revendre son unique logement pour 220.000,00€ qui sont versés sur son compte bancaire, pendant une très courte période. Cet argent sera en principe versé, la semaine suivante, au vendeur d'une maison dont le prix a été fixé à 250.000,00€ (trente mille euros ont déjà été payés à titre d'acompte).

 

Or, à peine les 220.000,00€ versés sur son compte, tous les comptes bancaires de l'île sont bloqués par le gouvernement... Une dizaine de jours plus tard environ, ce retraité apprend que sur les 220.000€ initiaux, 120.000,00€ seront transférés vers une nouvelle banque, et qu'environ 40% de ceux-ci seront ponctionnés pour rembourser les dettes du système bancaire chypriote, soit 48.000,00€ !


Voici notre retraité dans une situation cauchemardesque : par le contrat de vente, il est engagé contractuellement à verser dans un délai déterminé les 220.000€ restant au vendeur de la maison. Or dans l'immédiat, il ne dispose que des 100.000,00€ qui n'ont pas été bloqués par le gouvernement. Lorsque seront débloqués 60% des 120.000€ restant, il ne disposera au total que de 172.000,00€ et devra trouver 48.000,00€ en quelques jours seulement pour honorer le contrat d'achat de la maison...


Si seulement il trouve cette somme (un nouvel emprunt par exemple), il sera néanmoins contraint de la rembourser progressivement pendant des années ! Il faut se représenter concrètement l'horreur au quotidien d'une telle situation, qui peut fragiliser, voire ruiner durablement une famille, sur une base parfaitement arbitraire et injuste. Certes, il est incontournable de réduire les excédents de dettes qui se sont accumulées au sein du système économique et financier mondial... mais est-ce la bonne manière ?

Exemple 2 :


Imaginons le cas d'une entreprise qui se trouve dans une situation comparable à celle du particulier de l'exemple 1. Cette entreprise vient d'emprunter 220.000,00€ versés très momentanément sur son compte bancaire. Cette somme est destinée à réaliser l'acquisition d'un bien d'investissement, une machine-outil par exemple, dont elle a signé le contrat d'achat.


Deux cas de figure principaux peuvent se présenter si l'État chypriote ponctionne 48.000,00€ :


(A) L'entreprise doit faire face à un soudain problème de trésorerie (par exemple en cas de perte de l'acompte versé lors de la commande de la machine que cette entreprise n'a plus la capacité financière d'acquérir...) et finit par tomber en faillite. Alors qu'elle était peut-être très bien gérée, cette entreprise qui produisait des biens et services répondant à des besoins réels, est condamnée à disparaître. Il s'agit d'une perte pour tout l'organisme social.


(B) L'entreprise ne fait pas faillite mais doit faire face à des pertes importantes. Celles-ci finiront par être répercutées d'une façon ou d'une autre sur le restant de l'organisme social : soit par une tendance à l'augmentation des prix, soit par une tendance à la baisse de ses coûts de production (baisse des revenus des travailleurs, par exemple).

Exemple 3 :


L'exemple 3 est d'une nature tout à fait différente des deux précédents. Le détenteur d'une somme de 220.000,00€ la dépose sur un compte bancaire chypriote. Il n'a pas besoin de cet argent à court, moyen et long terme, ni pour sa famille (logement, etc.) ni pour une activité économique productive.

Faisons en outre l'hypothèse qu'un certain pourcentage de toutes les sommes d'argent déposées par les épargnants sur les comptes des banques chypriotes, disons 40% (!), ne soient pas utilisées en vue d'investissements productifs socialement et économiquement (production de biens et de services réels répondant aux besoins de la population). Il s'agit de sommes qui sont par exemple prêtées par la banque ou placées dans des sociétés d'investissement qui les utilisent pour :


1. Spéculer sur le prix de denrées alimentaires ;


2. Ou encore spéculer sur les valeurs d'actions boursières...


3. Peut-être sont elles investies dans l'acquisition de biens fonciers, de terres agricoles sans toutefois qu'il n'y ait une augmentation de la production agricole, en contrepartie


En vertu de la ponction de 40% des dépôts bancaires au dessus de 100.000 € décidée par le gouvernement chypriote, quelles seraient les conséquences sociales relatives à ce cas particulier ?

Vu du côté du détenteur de cette somme, cette ponction ne met objectivement aucunement à mal un processus de production économique en cours (par exemple une entreprise gérée par le propriétaire de ces dépôts qui aurait besoin de ces capitaux), ni ses besoins familiaux.


Vu du côté de l'usage qu'en fait la banque, si après ponction du gouvernement chypriote celle-ci décidait de réduire principalement les capitaux mis à la disposition d'investissements non productifs, voire nuisibles d'un point de vue économique (voir les trois exemples cités ci-dessus), aucun processus répondant à l'intérêt collectif ne serait mis à mal. Dans un tel cas spécifique, la ponction réalisée sur les capitaux déposés dans les banques, serait au contraire plutôt bénéfique pour l'organisme social.

Alors que l'état du système économique et financier mondial exige de procéder à la réduction globale des dettes (par restructurations et/ou annulations), ces exemples et situations concrètes montrent qu'il existe des modes de réduction de la dette particulièrement dommageables d'un point de vue social, et d'autres au contraire qui ne le sont pas, voire qui sont bénéfiques.

Ils sont destructeurs ou au contraire bénéfiques d'un point de vue social, selon des situations concrètes, qui nécessitent de distinguer en quelque sorte différentes « qualités » de l'argent déposé dans les banques.

 

http://www.lejsl.com/fr/images/C1897B11-81DD-4959-914B-BD3363DE5332/LBP_03/des-employes-chypriotes-de-la-popular-bank-(laiki)-manifestent-devant-le-parlement-a-nicosie-photo-afp.jpg

 

De l'argent déposé avec pour finalité un investissement dans des moyens de production mis en œuvre par des personnes capables, en vue de répondre à des besoins sociaux, est qualitativement de nature tout à fait différente de l'argent placé sans plus dans une banque, qui l'utilise en vue de l'acquisition de biens fonciers, par exemple, avec un simple objectif spéculatif (augmenter la valeur purement financière de l'actif sous-jacent sans rien apporter à l'économie réelle – dans un tel cas, ce placement pourrait avoir effet d'augmenter la valeur du bien acquis, mais il s'agirait d'une augmentation s'avérant en définitive fictive et relevant de l'économie virtuelle ).

Dans ce sens, la décision prise par le gouvernement chypriote à la demande de l'Union européenne est particulièrement aveugle ; elle ne prend aucunement en considération ces différences qualitatives relatives à l'argent déposé sur les comptes bancaires et les situations spécifiques y afférentes. Seuls importent aux yeux des décideurs, des aspects quantitatifs macro-économiques, ainsi que des aspects règlementaires, tous abstraits et déconnectés de la réalité. Or, les différences qualitatives de détail sont extrêmement déterminantes pour la bonne santé de l'économie.


Agir finement au sein de l'économie pour l'amener à recouvrer peu à peu la santé, requerra nécessairement de cerner les concepts permettant d'appréhender les différentes qualités de l'argent, ainsi que d'élaborer des méthodes de travail permettant de les gérer dans la pratique. Alors il deviendra possible d'éviter que ne se répète la catastrophe chypriote en de nombreux autres lieux, avec ses conséquences humaines innommables.

Dans deux articles antérieurs, nous avons déjà insisté sur l'appréhension à la fois subtile et exacte des processus économiques réels que permettent les associations économiques. Il s'agit de groupements de producteurs, distributeurs et consommateurs actifs dans les diverses branches de l'économie.

 

C'est à de telles associations, notamment, que devrait aussi échoir la responsabilité de déterminer à quelles personnes doivent être accordés des prêts, ainsi que leurs modalités pratiques (durée, montant...) et leurs finalités, sur base notamment aussi des facultés-capacités individuelles des emprunteurs mises au service de besoins collectifs, et pas seulement selon les seuls critères actuels des banques, fondés principalement sur les capacités financières des emprunteurs.

 

Il s'agit d'orienter les flux de capitaux, notamment en vue de la création et du maintien de moyens de productions répondant à des besoins réels, tels qu'ils peuvent être pleinement perçus au sein d'associations économiques ainsi constituées. Il deviendrait dès lors de plus en plus impossible que ne se constitue et ne s'amplifie une économie virtuelle fondée sur la circulation de valeurs économiques fictives, rongeant et absorbant de l'intérieur toutes les forces vives de l'organisme social, telle une gigantesque et monstrueuse tumeur cancéreuse.

Une autre piste de recherche permettant de différencier plusieurs « qualités d'argent » et de les gérer de manière spécifique selon leur nature, consiste appréhender les concepts « d'argent d'achat » (ou de consommation), « d'argent de prêt », et « d'argent de contribution » (« ou de don »), ainsi que la notion « d'argent vieillissant » (un argent qui perd sa valeur après une certaine période (date de péremption) ; cette notion n'est pas à confondre avec le concept de monnaie fondante de Silvio Gesell ).

Argent d'achat, de prêt, de don et argent vieillissant font partie intégrante en permanence de la vie économique réelle, mais ces concepts étant inconnus du public, ils ne peuvent être mis en œuvre pour discerner qualitativement les divers flux d'argent y correspondant, et encore moins pour les gérer concrètement chacun selon leurs particularités. Tout est confondu et mélangé dans la façon actuelle de gérer des flux d'argent de nature complètement différente.


Nous n'avons fait que mentionner l'existence de cette piste visant à différencier les diverses qualités de l'argent sans la fonder et la présenter ici. De longs développements seraient nécessaires, incluant aussi la question de la production et de la destruction de la monnaie.

 

http://idata.over-blog.com/1/53/99/06/photos5/economie-chypre.jpeg

 

La croissance sans fin de dettes et de capitaux (non consommés, donc non « détruits » par une « consommation » ad hoc) est une absolue impossibilité. Tenter néanmoins de réaliser une telle accumulation absurde engendre nécessairement des processus morbides au sein de l'organisme social global, pouvant conduire à sa destruction.

En comprenant et en maîtrisant de mieux en mieux les concepts relatifs aux diverses qualités de l'argent, il deviendra possible, par le biais des associations économiques de producteurs, distributeurs et consommateurs, de trouver le chemin permettant d'organiser un processus conscient et permanent d'orientation, d'utilisation et de consommation des capitaux (et donc de réduction des dettes y afférentes), tel qu'il doit nécessairement se réaliser au sein de l'organisme social, si nous voulons en assurer l'équilibre interne et la santé.

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 23:48

http://www.economiematin.fr/images/argent-cupidite-valeurs-capitalisme.jpg

 

La campagne présidentielle américaine de 2012 a coûté 2,6 milliards de dollars. Une dérive liée à l'engagement financier sans limite des super donateurs.

 

Au-delà du marché et de l’environnement, l’hypercapitalisme du XXIe siècle est en train de pervertir la démocratie elle-même. La sensibilité des hommes politiques aux lobbyistes, qui défendent des intérêts particuliers contre l’intérêt collectif, est de plus en plus marquée.

La Commission européenne est prête à sanctionner les pays qui, à l’instar de la France ou de l’Allemagne, interdisent les OGM. Comme si la commission, à la main des géants des OGM, voulait en gaver les Européens contre leur gré et contre la volonté de leurs gouvernements.

 

La démocratie vacille non seulement sous les coups de boutoir du lobbying, qui « achète » les politiques pour faire triompher des causes socialement délétères, mais aussi sous les coups du financement de campagnes qui conduit les politiques à des compromissions parfois mortelles (frégates du Pakistan) et les dépose, pieds et poings liés, aux mains de leurs « sponsors » ; de surcroît, la liberté tremble sous les coups de boutoir de médias liés à des intérêts économiques ou idéologiques qui les musellent.

 

Quand ni les élections ni les élus ne sont plus libres, où est la démocratie ? Les États-Unis exercent un leadership incontestable dans la confiscation de la démocratie par les groupes de pression. Les grands lobbies, comme celui du pétrole texan, acharnés à lutter contre les lois environnementales et ennemis du tout-impôt venant entamer même marginalement leurs surprofits, concluent un pacte faustien avec les candidats sénateurs ou députés : ceux qui se rallient, doigt sur la couture du pantalon, à leurs thèses réactionnaires, bénéficient de contributions généreuses à leurs campagnes électorales.

 

Mais ceux qui, au contraire, sont tentés de faire prévaloir leurs opinions ou leur vision de l’intérêt général contre l’intérêt particulier de ces lobbies, voient non seulement leur financement se tarir, mais aussi une candidature, généreusement financée par ces mêmes lobbies, se dresser devant eux pour leur faire perdre leur siège.

 

Deux facteurs amplifient l’étouffement de la démocratie en Amérique. Le premier est la durée courte des mandats : de deux à quatre ans. Dès leur élection, sénateurs et représentants sont de nouveau en campagne. Le second est le coût croissant des mêmes campagnes : le coût d’une campagne présidentielle est passé de quelques dizaines de millions à plus d’un milliard de dollars. Le coût d’une campagne de député et de sénateur, de un million à dix millions de dollars.  

Il faut donc être soit personnellement riche, soit financé par des groupes de pression, pour être élu aux États-Unis.

 

Dans le premier cas, on est indépendant mais naturellement marqué par sa classe. Dans l’autre, on est manipulable et manipulé. L’élection de Barack Obama, avec l’utilisation de l’internet pour un financement très large, et des contributions désintéressées d’entrepreneurs riches, aura été une exception et un revers pour le contrôle du politique par les groupes de pression. Comme en signe d’aigreur et de rancune, ces mêmes groupes de pression ont réussi soit à pratiquer l’entrisme dans l’administration Obama (avec une série de financiers douteux nommés à des postes économiques), soit à affaiblir son pouvoir en favorisant l’élection d’archiconservateurs au Sénat ou à la Chambre, et en soumettant Obama à un véritable tir de barrage d’imprécations, d’insultes et de contrevérités.

 

La Cour suprême des États-Unis, dominée par des juges ultraconservateurs nommés par Bush, comme Scalia ou Kennedy, a d’ailleurs, dans l’arrêt de 2010 Citizens United contre Federal Election Commission, volé au secours de ces lobbies qui étouffent la démocratie sous leur puissance financière, en autorisant les entreprises à financer sans limite les campagnes publicitaires de dénigrement de candidats par leurs rivaux. Un député ou un sénateur ayant le malheur d’avoir des positions contraires à celle des grands lobbies verra un tombereau de publicité télé ou radio négative se déverser sur lui, le dépeignant comme un communiste, un collabo, un amoureux des gays, un athée, un pacifiste ou une menace pour les libertés fondamentales – comme celle de détenir une arme.

 

La démocratie américaine devient aujourd’hui une oligarchie au service des groupes de pression et des riches. Comme l’a dit Barack Obama, cette décision de la Cour suprême est « une victoire majeure pour les grandes compagnies pétrolières, les grandes banques, les compagnies d’assurance santé et tous les grands groupes de pression qui utilisent leur pouvoir à Washington pour étouffer la voix des Américains ordinaires ».


LA DEMOCRATIE EST UNE FICTION

 

La " crise" permanente

 

Et si on arrêtait de payer!

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 09:07

http://www.monsterup.com/upload/1361868165.gif

 

Selon un rapport publié le 12 février par Oxfam France, les principales banques françaises possédaient en 2012 au moins 18 fonds leur permettant de spéculer pour plus de 2,5 milliards d’euros sur les marchés de matières premières.

 

La BNP Paribas, à elle seule, possédait plus de la moitié de ces fonds, pour un montant total de 1,4 milliard d’euros. Dans le cadre de la réforme bancaire dont l’examen est soumis à l’Assemblée nationale, Oxfam France demande aux parlementaires de mettre un terme à la spéculation sur les matières premières agricoles des acteurs financiers français. 


Dans son rapport intitulé « Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim », Oxfam France établit un classement des différentes banques françaises qui spéculent le plus sur les matières premières. La BNP Paribas arrive largement en tête de ce classement, suivi par Natixis (groupe Banque populaire/Caisse d’Epargne), la Société générale, et le Crédit agricole. La compagnie d’assurance Axa figure elle aussi parmi les acteurs proposant de tels fonds spéculatifs.

 

http://www.monsterup.com/upload/1361868242.jpg

 

« Les banque françaises, au premier rang desquelles BNP Paribas, participent à l’insécurité alimentaire mondiale croissante en spéculant sur les marchés de matières premières agricoles, a déclaré Clara Jamart, d’Oxfam France. Ces banques proposent à leurs clients des outils financiers destinés à parier sur la faim. Face aux conséquences des flambées des prix alimentaires à répétition, ces groupes doivent mettent fin à leurs activités de spéculation sur les matières premières agricoles. »


Il faut agir maintenant. Les marchés de matières premières agricoles, désormais considérés comme rentables par les spéculateurs, se financiarisent en effet massivement, et entrainent régulièrement des pics de prix alimentaires tels que ceux qu’on a pu observer en 2008, 2010 et 2012. Entre février 2005 et février 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 83%, enregistrant des hausses record de 191% pour des denrées de base comme le blé. Ces violentes fluctuations des prix touchent sévèrement les ménages les plus pauvres des pays du Sud, qui peuvent consacrer jusqu’à 75% de leur budget à l’alimentation.


« L’évolution des pratiques est inquiétante : c’est depuis la crise alimentaire de 2008 que la majorité des fonds permettant de spéculer sur les matières premières agricoles ont été créés en France. Au niveau mondial, la tendance est la même : le montant total de ces fonds représentait 90 milliards de dollars en 2011, contre moins de 10 milliards en 2004. La réforme bancaire française doit être bien plus ambitieuse et être l’occasion d’y mettre un terme » poursuit Clara Jamart.


Oxfam France considère que les propositions de réforme du gouvernement en matière de spéculation alimentaire et agricole ne vont pas assez loin, et demande au gouvernement et au parlement d’inclure dans le projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaire l’interdiction de toute forme de spéculation sur les matières premières agricoles, que les institutions financières agissent avec leurs fonds propres – ce qui est déjà inclus dans le projet actuel – ou pour le compte de leurs clients. Les opérations correspondant à un besoin légitime de couverture des risques liés à l’activité agricole sur les marchés physiques ne seraient pas touchées par cette interdiction.


Oxfam France lance aujourd’hui une nouvelle campagne intitulée « Banques : la faim leur profite bien ». Cette campagne, qui durera jusqu’en juin, vise à interpeller les PDG des grandes banques françaises afin qu’ils mettent fin aux activités bancaires qui nuisent à la sécurité alimentaires des populations du Sud.

 

pour en savoir plus: clic ici!!!

 

Solidar ( L'Oeuvre suisse d'entraide ouvrière OSEO): !!!

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 20:19

Ce sera sans doute la perle de la crise. Karine Berger, députée socialiste, rapporteure du projet de loi dit de « séparation » et de « régulation » des activités bancaires, reprenant la parole en commission des finances après les exposés de MM. Chifflet, Oudéa et Bonnafé, respectivement président de la Fédération bancaire française, président de la Société Générale et directeur-général de BNP-Paribas : « Vos trois exposés laissent paraître que vous n’êtes pas réellement gênés par ce projet de loi ; j’en suis à la fois étonnée et ravie » [1]…


Qu’elle en fût uniquement étonnée n’aurait trahi qu’une charmante simplicité d’esprit. Qu’elle en soit au surplus ravie ne laisse plus le moindre doute quant au côté où elle se tient. Pour notre part, plus rien ne nous étonne dans les rapports du socialisme de gouvernement et de la finance — quant au ravissement, évidemment… « I am not dangerous », s’était empressé de préciser François Hollande à l’adresse de la City qu’il était venu rassurer après l’avoir nommée « l’ennemi sans visage », sans doute dans un moment d’égarement, caractéristique du contact avec la foule des meetings. Heureusement vite rattrapé. La députée Berger et le ministre de l’économie et des finances Moscovici, eux aussi, poursuivent le minotaure au pistolet à bouchon — inutile de rentrer les enfants, on ne prévoit pas de bain de sang.

 

http://www.les-crises.fr/images/images-diverses/2012/frederic-lordon.jpgCe sera donc du gâteau pour les historiens d’ici quelques décennies de se livrer à l’analyse comparée des réactions respectives à la crise financière des années trente et à celle de 2007, et l’on saura à quoi s’en tenir quant à la tenue des élites des deux époques, leur degré de compromission avec les forces de la finance et de servilité vis-à-vis des puissances d’argent.

 

« La solution du rapport Liikanen est certes trop radicale… », déclare sur le ton de l’évidence Karine Berger, à propos d’une de ses dispositions (relative au traitement des opérations dites de « tenue de marché »).

 

« Certes ». Fouetter les banquiers avec le plumeau du rapport de la Commission européenne, c’est en effet d’une insoutenable violence. Ne connaissant pas à Karine Berger de lien financier crasseux avec les institutions bancaires — à la manière de certains économistes en Cercle — nous savons donc maintenant qu’on peut être vendu(e) à la finance sans en toucher le moindre sou [2] ! Ce qui est peut-être pire encore… Un article de Benjamin Masse-Stamberger sur l’art et la manière du lobbying bancaire de vider un projet de régulation de toute substance [3], nous apprend (entre autres) que la vice-présidente (socialiste) de la commission des finances, Valérie Rabault, est l’ancienne responsable Risk Strategy des activités dérivés-actions de BNP-Paribas. « Loi de régulation bancaire », « commission des finances », « vice-présidente socialiste », « BNP-Paribas dérivés-actions » : inutile de jouer à « cherchez l’intrus » dans cette liste, dans le monde où nous sommes, il n’y en a plus. Bien sûr, dans un geste altier et pour ne pas donner prise à l’accusation de « conflit d’intérêt », Valérie Rabault, vice-présidente (socialiste) de la commission dérivés-actions de l’Assemblée nationale, a décliné d’être rapporteure du texte de loi. Il faut bien admettre que le cran juste au-dessus aurait consisté à faire rédiger le texte directement par Michel Pébereau, et ça aurait fini par se voir.


Mais au fond de quoi s’agit-il ? Trois fois rien : la race des seigneurs de la finance globalisée a perdu aux alentours de 2 000 milliards de dollars dans l’une des crises les plus retentissantes de l’histoire du capitalisme ; les banques françaises, pas feignantes, ont tenu à figurer dignement et à prendre toute leur part du bouillon. Car, pour toutes ses fanfaronnades, le système bancaire français aurait purement et simplement disparu sans les concours massifs de la Banque centrale européenne (BCE) et les aides d’Etat apportées par véhicules ad hoc interposés [4]. Sans doute les montants mobilisés en France sont-ils moindres qu’aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni — il a fallu tout de même que ces véhicules lèvent 97 milliards d’euros [5] pour nos chères banques. Les banquiers se croient dégagés de tout arriéré au motif qu’ils ont remboursé les aides d’Etat. On leur rappellera donc d’abord que les contribuables français et belges plongent — pour l’heure — de 12 milliards pour le compte de Dexia. On leur rappellera surtout que le remboursement en question ne les exonère de rien du tout, et notamment pas de l’effondrement de croissance qu’ils ont laissé derrière eux, où nous sommes encore pour un moment, avec les dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires qui vont avec.


Dans Le Monde diplomatique de février, en kiosques : « Notre solution pour l’Europe », d’Alexis Tsipras et « Comment contourner l’impôt sans s’exiler » d’Alexis Spire.  

 

Il était question d’historiens à l’instant, gageons qu’un de leurs motifs d’ébahissement tiendra à l’extravagante indulgence dont le groupe social de la finance aura pu jouir relativement à l’ampleur de son pouvoir de destruction avéré.

Car cinq ans après le désastre : rien ! — et la « loi de séparation et de régulation bancaire » est à peine mieux que rien. L’idée de départ était pourtant simple : les marchés sont intrinsèquement instables, les activités de marché sont donc intrinsèquement déstabilisantes.

 

Pas seulement pour elles-mêmes mais pour l’économie tout entière quand l’accident franchit des seuils critiques. Par conséquent, de deux choses l’une : ou bien l’on en prend son parti et l’on s’habitue par avance à devoir régulièrement repasser par des épisodes semblables, avec récession et mobilisation du corps social tout entier pour sauver la finance ; ou bien on choisit d’y mettre un terme, c’est-à-dire de cantonner la nuisance au cordon sanitaire. Dans un mélange de candeur et de parfaite sûreté de soi, Frédéric Oudéa, le patron de la Société générale, en effet « pas gêné » (au sens de Karine Berger), a cependant fini par lâcher le morceau en avouant que la loi de « séparation » n’allait le séparer que de 1,5 % du total de ses activités…


Pour avoir, donc, quelque chose qui ne soit pas rien, il aurait fallu au texte de loi, en dépit de toutes ses dénégations, ne pas se laisser complètement intoxiquer par les jérémiades de l’industrie financière qui jure que chacune de ses opérations, même des plus scabreuses, est une « contribution au financement de l’économie ». Mais les esprits socialistes ont été dévastés par l’idée que le financement par le marché est d’une incontestable modernité — « et donc » toutes les activités connexes qui vont avec : couverture, fourniture de liquidité, financement du shadow banking system etc. Reste 1,5 %.

Tout au marché

« Quand certaines entreprises comme Vinci, ont besoin, pour financer des projets à dix ou quinze ans, de plusieurs centaines de millions d’euros, elles se tournent non pas vers des banques commerciales mais vers des banques d’affaire, qui pratiquent là des activités de marché non pas spéculatives mais utiles à l’économie concrète », proteste Karine Berger pour rejeter un amendement qui demandait plus que la simple filialisation des activités de marché.

Mais rien n’établit que le coût total du financement obligataire soit beaucoup plus compétitif que celui d’un crédit bancaire classique.

 

En revanche, on sait avec quelle brutalité une entreprise en difficulté peut se voir refuser tout accès aux marchés — ironie du sort, elle n’a plus alors qu’à trouver une banque secourable qui acceptera de lui sauver la mise avec du bon vieux crédit à la papa. Les banquiers français glapissent que, empêchés de conduire ces opérations de marché, ils perdraient clients, chiffre d’affaire et profit. S’agissant de leur chiffre d’affaire, de leur place dans la hiérarchie mondiale des plus grandes banques, et de leur profit, la collectivité doit d’emblée affirmer clairement qu’elle s’en fout !

 

Le corps social n’a aucun intérêt à jouer au jeu infantile de la plus grosse qui passionne les capitalistes (plus encore les financiers), il aurait même l’intérêt exactement contraire. Il s’en aperçoit désagréablement au moment de ramasser les morceaux en prenant conscience qu’un secteur bancaire qui pèse (en actif total) jusqu’à quatre fois le produit intérieur brut (PIB), comme c’est le cas en France, lui laisse entrevoir l’ampleur possible de la facture — et que la « grosse » lui laisse le fondement un peu douloureux.


Que les banques ne soient pas trop grandes, mais ternes et sans attrait, qu’elles fassent des profits modestes qui ne leur donnent pas le délire des grandeurs et n’engraissent pas les actionnaires (ou les traders), c’est exactement l’objectif à poursuivre. Quant à leurs grands clients, ces derniers comprendront assez vite que, supposé un coût supérieur du crédit bancaire (par rapport au financement de marché), celui-ci paiera bien la continuité d’une relation partenariale qui ne les abandonnera pas au premier tournant — là où les marchés les éjecteraient à la moindre difficulté sérieuse. Il y a donc peu de chance pour que Vinci ne confie plus ses destinées qu’à Goldman Sachs.


Mais la manie des marchés qui habite les socialistes français va maintenant jusqu’à souhaiter d’y plonger les petites et moyennes entreprises (PME). On sait assez que les relations de ces dernières avec les banques ne sont pas une allée semée de pétales de rose… Mais l’idée de les rendre modernes en les envoyant se faire voir au marché est une trouvaille où l’ineptie le dispute à l’entêtement idéologique. Car de deux choses l’une : ou bien seule la crème des PME y aura accès et alors, par construction, la chose demeurera marginale ; ou bien l’on y envoie gaiement le gros de la troupe, soit des milliers d’entreprises, et l’on se demande bien comment les analystes financiers ou les agences de notation pourront avoir quelque suivi sérieux d’un nombre aussi élevé de débiteurs, là où les réseaux d’agences bancaires, au contraire, ont une connaissance locale et fine de leurs clients — attendons-nous donc aux ratings à la louche façon subprime.

« Les activités de marché : comme le cochon (tout est bon) »


Bien sûr l’élite bancaire ne se reconnaît pas entièrement dans la métaphore charcutière, mais c’est quand même un peu l’idée. Ou plutôt le sophisme : si la forme supérieure du financement de l’économie est à trouver dans le marché, alors tout ce qui contribue à la belle activité du marché est peu ou prou désirable.

Sous une forme un peu plus sophistiquée, l’argument se décline le plus souvent sous la thèse increvable de la liquidité : pour que des agents de l’économie réelle émettent avec succès des titres sur les marchés, il faut qu’ils trouvent preneurs, et pour que les preneurs acceptent de souscrire, il faut qu’ils soient certains de ne pas rester « collés » et de pouvoir sortir à tout instant du marché. Il importe alors que le segment de marché considéré connaisse une activité permanente suffisante pour que chaque vendeur soit assuré de trouver acheteur (et réciproquement).

 

La liquidité, voilà donc la justification ultime de la spéculation qui en finirait presque par se présenter comme un service public : foin des appâts du profit — du tout, du tout — les spéculateurs, certes en première instance, étrangers à l’économie réelle, n’en sont pas moins ses fidèles desservants puisqu’ils s’offrent à être contreparties pour tous les autres agents qui ont besoin d’entrer ou sortir du marché, assurant finalement qu’il tourne bien rond, donc permettant qu’il finance efficacement… les agents de l’économie réelle, quod est demonstrandum.


Dire « spéculateur » est par conséquent inutilement blessant : préférer « teneur de marché ». Certes la « tenue de marché » révèle de fortes accointances avec la recette du pâté d’alouette car — étonnamment — on observe en général dix fois plus d’opérations spéculatives que d’opérations à finalité « réelle » — pour sûr le marché est bien tenu… La plus charitable des interprétations conclurait que le « service public de la liquidité » est fâcheusement entropique — et en fait, pur prétexte à la pollution spéculative.

La liquidité serait aussi bien assurée avec… neuf fois moins d’opérations de « teneur de marché », et encore par beau temps seulement. Car, en cas de coup de tabac, les « teneurs », pas fous, font comme tout le monde : ils fuient le marché à tire-d’aile, laissant la liquidité s’effondrer, au moment où on en aurait le plus besoin.


Ce sont pourtant ces opérations de teneur de marché que la loi de « séparation » tient beaucoup à ne pas séparer — à l’inverse de la Commission européenne (rapport Liikanen), qui cède visiblement à tous les vents mauvais du populisme. Evidemment n’importe quelle opération spéculative pour compte propre peut, sur simple demande, être requalifiée de « tenue de marché » — c’est bien pratique. En résumé, tout et n’importe quoi sur les marchés est tenue de marché : toute offre puisqu’elle permet à un acheteur d’acheter, et toute demande puisqu’elle permet à un vendeur de vendre…

Il suffisait d’y penser !

Puisque n’importe quoi contribue à tenir le marché et que le marché est ce-qu’il-nous-faut-pour-financer-l’économie, il faudrait être idiot, inconscient ou de mauvaise foi pour séparer quoi que ce soit — puisque tout sert. La commission des finances française s’est rendue sans hésitation à cet argument de simple bon sens — moyennant quoi, en effet, 1,5 % et Oudéa pas gêné.

Ne pas rompre avec nos amis les « hedge funds »

C’est une direction tout à fait semblable, et en fait identiquement argumentée, que prend le texte de loi en matière de relation des banques avec les hedge funds.

 

Fléaux avérés, les hedge funds, dont c’est constitutivement le principe que de prendre des positions risquées et très leviérisées, devraient être isolés dans l’équivalent financier de léproseries, et en tous cas interdits de toute relation avec le système bancaire — après tout, que les héros du marché se débrouillent pour trouver leur financement sur les marchés. Mais, se dit le ministre Moscovici, les hedge funds sont des éléments de ce shadow banking system, dont nous savons qu’il détient maintenant quelque 20 % du total des actifs financiers — interprétés, toujours par le même contresens, comme « 20 % des contributions au financement de l’économie » —, c’est donc très important — parce que très utile à l’économie.

 

La conclusion s’ensuit comme déroulé de papier à musique : il ne faut surtout pas empêcher les banques de financer les hedge funds qui financent l’économie. Bravo ministre ! Une objection élémentaire lui signalerait pourtant que les banques pourraient financer directement l’économie au lieu de passer par la case hedge funds… qui en fait Dieu sait quoi.

 

L’objection pourrait d’ailleurs être généralisée à tout le shadow banking system, ce trou noir agglomérant les entités financières les plus obscures et les moins régulées, et qui a pris cette importance uniquement parce que le crédit bancaire s’est laissé évincer au nom de la modernité.

Que les banques universelles cessent de financer par crédit ce système de l’ombre, et ce serait simultanément le meilleur moyen d’en piloter l’attrition relative, et pour elles-mêmes de se protéger de la vérole que ce système ne cesse de répandre — rappelons que la catastrophe Bear Stearns commence avec la fermeture de ses deux hedges funds les plus « sophistiqués », que BNP-Paribas avait dû fermer inopinément trois des siens à l’été 2007, et que la grosse catastrophe tourne vraiment au vilain avec la fermeture des money market funds à l’automne 2008.

 

Personne ne pourra soutenir qu’un financement sain des entreprises et des ménages ne pourrait être pris en charge par le simple crédit bancaire et ne pourrait être assuré que par ces entités.


Mais non ! Les banques universelles pourront continuer de prêter aux hedge funds et d’exposer à leur risque les dépôts du public.

 

« Nous avons pris toutes les précautions », se défendent les promoteurs du texte, voyez seulement l’alinéa 10 de l’article premier : les banques ne pourront avoir d’exposition non sécurisée vis-à-vis des fonds à effet de levier.

Et puisque ne seront autorisées que les transactions « sécurisées », n’est-ce pas que la sécurité règnera ? Mais en quoi ces sécurisations consistent-elles au juste ?

 

En cette pratique extrêmement commune de la finance spéculative dite de la « collatéralisation » : une entité emprunte auprès d’une autre en déposant en gage un actif d’une valeur équivalente à celle du prêt contracté.

Or rien n’est sûr dans cette affaire ! On notera pour commencer que toutes les opérations de prêt à des hedge funds sont déjà collatéralisées (« sécurisées » au sens Moscovici-Berger) — c’est simplement l’actuelle pratique ordinaire en cette matière ! Et l’on comprendra alors que le texte de loi ne produit rigoureusement aucun changement, donc aucune restriction sous ce rapport.

Les illusions « collatérales »


Mais surtout les actifs apportés en collatéral peuvent voir leur valeur s’effondrer, précisément à l’occasion d’une crise — les collatéraux sont supposément des papiers de « très bonne qualité », mais l’épisode de 2007-2008 a suffisamment montré que le réputé triple-A parfois ne valait pas tripette…

 

Le débiteur est alors prié de compenser par de nouveaux apports, mais en une conjoncture de crise où très probablement ses positions sont en train de se détériorer à grande vitesse, et où sa liquidité se trouve mise sous haute tension. En d’autres termes, le fonds débiteur doit se procurer un supplément d’actif collatéralisant, et pour ce faire, d’abord de la liquidité, au moment précis où celle-ci lui manque le plus — parfois au point de voir tous ses accès aux financements de marché brutalement interrompus.

Comme on sait, ce sont ces tensions ingérables sur la liquidité qui ont électrocuté tout le système financier par les circuits de la collatéralisation (et des appels de marge) en 2007-2008.


Du côté des créanciers qui reçoivent ces collatéraux, les choses ne sont pas plus sûres. Compte non tenu des problèmes soulevés à l’instant, les opérations de collatéralisation ne rempliraient vraiment leur office de back-up que si les collatéraux étaient rigoureusement conservés dans des comptes sanctuarisés. Mais qui peut croire qu’une banque pourrait ainsi mettre soigneusement de côté, en s’abstenant d’y toucher, les actifs qu’elle reçoit en collatéralisation de ses crédits ?

 

Lorsque ceux-ci sont de bonne qualité (ou supposés tels), ils constituent une ressource financière qu’aucune banque ne consent à laisser oisive. Aussi la banque va-t-elle se défaire sans tarder du collatéral qui normalement la couvre, soit pour à son tour collatéraliser une de ses propres opérations quand elle se trouve du côté débiteur, soit pour retourner au cash en le vendant dans le marché.

 

Il est désormais toute une partie des marchés monétaires, dite « Repo » (pour Repurchasing), qui procure de la liquidité à court terme contre collatéraux — et où ceux-ci circulent hardiment. Et lorsque vient le coup de grisou, i. e. le défaut d’un débiteur, par exemple d’un hedge fund, où est le collatéral ? Parti depuis belle lurette pour servir à prendre d’autres positions, dont certaines seront très probablement devenues perdantes en temps de crise — évidemment, tout comme la liquidité, la collatéralisation fait partie de ces « sûretés » qui fonctionnent très bien… quand elles n’ont à protéger de rien.


Comme souvent en matière de finance, le diable est dans les détails, ou plutôt dans d’obscurs recoins techniques, à l’image, par exemple, de la question des exigences de marges dans les transactions sur dérivés — dont on jugera a contrario du caractère stratégique à la manière dont les velléités du Dodd-Frank Act en cette matière ont été soigneusement annihilées par le lobbying bancaire des Etats-Unis.

 

La « gestion des collatéraux » en fait tout autant partie. C’est en effet par ce genre de canaux que se propagent les spasmes de la finance. Au lieu de se gargariser avec l’illusion des « transactions sécurisées », le législateur socialiste s’il avait deux sous de volonté régulatrice, réformerait drastiquement les dispositions relatives au traitement des collatéraux — ou plutôt en instituerait, puisque en ce domaine, les opérateurs financiers font exactement ce qu’ils veulent.

 

On mesurera d’ailleurs l’inanité du socialisme de gouvernement à ce fait qu’il réussit même à être en retard sur l’autorégulation de la finance ! Car les banques elles-mêmes, pour le coup conscientes de ce qui a failli les tuer, commencent à se préoccuper sérieusement de modifier leurs pratiques en matière de collateral management [6] — jusqu’au point d’envisager de réserver les collatéraux pour leur faire jouer pleinement leur rôle de sécurité.


Malheureusement, l’autorégulation bancaire est affligée d’une lamentable inconstance. Sous le coup d’une peur bleue, les banquiers jurent qu’ils ont retenu la leçon et qu’on ne les y prendra plus…

 

L’expérience montre pourtant que leurs bonnes résolutions s’évanouissent avec le temps qui les éloigne du traumatisme, pour être complètement oubliées quand revient l’euphorie de la bulle d’après. Ce que le législateur socialiste n’a visiblement pas bien compris, c’est la force de la loi, ou du règlement, seuls à même de tenir des autorégulés dont la « constance » est entièrement gouvernée par leurs affects du moment. Parmi toutes les œuvres utiles que ce texte de loi aurait pu accomplir, il y avait donc l’institution d’une stricte obligation de mise sous séquestre des actifs reçus en collatéral — et déjà l’on aurait entendu Frédéric Oudéa commencer à couiner.

 

Proposition tout à fait générale et qui n’excluait en fait nullement d’interdire purement et simplement toute transaction des banques avec les hedge funds et le shadow banking system — après tout, on verra bien comment ces jolis messieurs se débrouillent privés de crédit bancaire.

Quelle séparation ?


Non seulement la matière séparée, à force d’exemptions et de validation des pratiques ordinaires, est-elle tendanciellement inexistante (1,5 %), mais la forme même de la séparation a tout du concubinage prolongé.

De ce point de vue, la « Volcker Rule », les rapports Vickers et Liikanen, ainsi que le projet Moscovici ont au moins en commun le même entêtement dans le contresens, et la même illusion de la « capitalisation séparée », alias : on range les activités « à problème » dans une filiale soumise à des ratios de capital (Tier-1) « plus exigeants », et nous voila parés contre tout inconvénient.


C’est n’avoir toujours pas compris que les ratios de solvabilité sont parfaitement secondaires dans ces processus de crise financière qui n’explosent que par le retournement brutal des jugements sur une classe d’actifs et la constriction foudroyante qui s’ensuit de la liquidité du segment de marché correspondant, puis de tous les segments latéraux, atteints de proche en proche par les effets de report de la ruée vers le cash [7].

 

On rappellera donc pour la énième fois que Bear Stearns et Lehman Brothers se sont effondrés avec des Tier-1 très au-dessus des minima réglementaires les plus exigeants. Après cinq années laissées à la méditation soigneuse des mécanismes et des conséquences de la crise financière, on est un peu consternés que les apprentis régulateurs n’aient toujours pas saisi que les plus belles capitalisations séparées ne protègeront jamais une banque de marché du désastre.


En réalité, la seule mesure faisant quelque peu sens en cette matière est celle proposée par Goodhart et Persaud de rendre les ratios de solvabilité contracycliques [8] : plutôt que d’être fixées une fois pour toutes, les exigences de fonds propres croîtraient proportionnellement aux prix de marché d’une certaine classe d’actif suspecte d’être en proie à une bulle, et des encours de crédit qui s’y déversent.

 

Encore faut-il ne pas se méprendre sur l’effet véritable de cette mesure, qui a moins, comme on le répète à satiété, pour propriété principale d’épaissir le « coussin de capital permettant d’absorber les pertes », que de resserrer progressivement la capacité des banques à accorder des crédits dans le segment de marché considéré, donc de ralentir le développement de la bulle.

En d’autres termes, les ratios de capital contracycliques ne participent pas tant, comme on le croit le plus souvent, d’une politique prudentielle que d’une politique monétaire (mais poursuivie par d’autres moyens), puisqu’il s’agit moins de renforcer la base de capital des banques que de réguler leur offre de crédit.

Misère de la filialisation

Les contresens de principe n’excluant pas ceux d’exécution, le recours à la filialisation, par opposition au bank split en bonne et due forme, vient porter la complaisance régulatrice à son comble.

 

Karine Berger s’exclame en commission des finances qu’en cas de pépin, la filialisation laisserait intacte à coup sûr la maison-mère — dépositaire des encaisses monétaires de la clientèle des particuliers.

Car le texte de loi stipule que la filiale de marché doit être traitée par sa holding comme une entité extérieure, en conséquence de quoi lui sera appliquée la directive « grands risques » qui interdit à une banque de concentrer plus de 10 % de ses fonds propres dans des engagements risqués sur une seule entité.

 

La banque holding ne pourrait donc se livrer à un éventuel renflouement de sa filiale au-delà de cette limite, en foi de quoi Karine Berger croit pouvoir conclure qu’« à [son] sens c’est la garantie d’une étanchéité absolue en cas de faillite d’une filiale vis-à-vis de la maison-mère » [9]. Il est cependant possible que « son sens » ne soit pas celui auquel il faille se confier aveuglément, et pour de nombreuses raisons.


En premier lieu, l’« étanchéité absolue » est tout de même autorisée à laisser passer 10 % des fonds propres…

En second lieu, le règlement n°93-05 de la Banque de France, relatif au contrôle des « grands risques » [10], indique que le volume de risques sur une seule entité s’entend comme « risques nets pondérés », ce qui signifie que le volume brut de crédit de secours apporté par la holding à la filiale pourrait aller bien au-delà du seuil des 10 % de fonds propres.

 

C’est bien ce volume brut qui importe en situation de crise, où comptent avant tout les ressources mobilisables pour faire face à une crise majeure de liquidité. On peut donc gager que la holding fournirait tout ce qu’elle peut à sa filiale pour la sauver, jusqu’au point où ses engagements bruts sur cette dernière excèderaient significativement 10 % de ses fonds propres — 10 % tout ronds, pour BNP-Paribas, ça fait tout de même déjà 7,5 milliards d’euros, une paille si la filiale venait en bout de course à faire défaut pour de bon.

 

Mais comme toujours dans cette affaire, le danger n’est pas tant de manger les fonds propres que de se trouver face à des besoins urgents de liquidité impossibles à satisfaire. Or, précisément, en situation de crise, la liquidité est LE problème, et pour tout le monde. Qui peut imaginer que le spectacle d’une holding contrainte d’apporter dans la précipitation des concours à sa filiale, donc qui exprimerait des besoins de liquidité massifs, laisserait les opérateurs de marché indifférents, et qu’en serait-il alors de la possibilité effective pour cette holding de les financer ?


C’est en général à ce moment que la question de la solvabilité, objectivement secondaire, n’en fait pas moins retour, mais sous la forme vicieuse d’un accélérateur de panique. Car, pour tous leurs défauts de pertinence, les ratios de solvabilité n’en sont pas moins scrutés par les opérateurs des marchés de gros du crédit [11], où ils sont interprétés comme un signal sur la qualité des débiteurs… même pour la fourniture de liquidités de court terme [12].

 

C’est tout le charme de la finance de marchés que la croyance y fait loi : il suffit donc que le jugement des opérateurs se cristallise sur un indicateur quelconque pour que celui-ci acquière une importance, et un pouvoir d’entraîner des effets, qu’il ne possède nullement par lui-même. Si les opérateurs se mettent — et c’est le cas en situation de crise ! — à considérer que les débiteurs doivent être jugés d’après leurs ratios Tier-1 et que seuls les meilleurs auront accès à la liquidité, malheur à celui qui vacillera en cette matière : ses sources de financement se fermeront les unes après les autres, jusqu’à l’apoplexie finale… semblant donner raison à la « théorie » qui se sera en effet révélée « vraie »… mais pas du tout pour les raisons qu’elle croit.

 

En tout cas voilà aussi ce qui pendra au nez de la holding encombrée d’une filiale de marché en train de prendre l’eau : car la holding devra consolider les pertes de cette dernière… et voir ses propres ratios de solvabilité prendre sérieusement de la gîte. Avec menace subséquente sur sa propre capacité à maintenir la continuité de ses financements… au moment où ils devraient être le mieux garantis pour venir au secours de la filiale en perdition.

Pour une loi d’apartheid bancaire

A part ça, Karine Berger voit dans la (fausse) séparation par filialisation « une garantie d’étanchéité avec la maison-mère ». « A [son] sens ».

 

Mais tout est faux, « au sens » de n’importe quel autre regard tant soit peu décidé à tirer les conséquences de ce qui s’est passé, dans les invraisemblables préventions dont ce texte de loi fait preuve à l’égard de ce qu’on présenterait sans exagération comme le plus grand pouvoir de destruction sociale — mais celui-ci est en costume trois pièces, en vertu de quoi il passe rigoureusement inaperçu… en tous cas aux yeux de ses semblables.

 

Pour qui pourtant veut bien se donner la peine de simplement s’y pencher, l’histoire économique, et sur tous les continents ou presque, regorge d’épisodes attestant la nocivité des marchés de capitaux libéralisés.

La moindre des réponses à la crise présente, sans doute l’une des plus graves de toute l’histoire du capitalisme, ne pourrait viser en dessous de la ségrégation complète des activités de marché, dont il faut redire, et là encore attestation historique en main, qu’elles ne rendent aucun service important, ou presque, que le simple crédit bancaire ne saurait rendre («  et la Bourse des actions ! », s’écrient alors éperdus les amis de la finance de marché, même sous le fordisme il y en avait une — c’est qu’il n’était pas allé assez loin et ne s’était pas aperçu qu’on peut carrément s’en passer [13]).


Par une indulgence en fait coupable, on pourrait tolérer qu’il demeure des activités de marché. Mais sous l’interdiction formelle faite aux banques de dépôt d’avoir le moindre contact avec ceux qui s’y livrent.

 

Comme on pouvait s’y attendre, la première protestation apeurée (bien à tort) des banquiers français est allée au rappel de ce que le modèle de banque n’était pour rien dans cette affaire, qu’on avait vu de pures banques de marché, comme Bear et Lehman, aller au tapis, et que les banques universelles « à la française » s’était très honorablement comportées.

Sauf vaine discussion sur les points d’honneur de la profession bancaire, et le « comportement » réel des banques françaises à l’épreuve de la crise, on appréciera davantage le culot de ces messieurs.

 

Qui sont touchants de candeur de nous enseigner que, oui, être assis sur le tas des dépôts aide bien à amortir les gamelles ! On en est donc arrivé au point où il faut leur rappeler que l’argent du public n’a pas exactement pour vocation de les aider à tenir plus confortablement le choc de leurs pertes spéculatives — on mesurera d’ailleurs l’arrogance innocente de la finance qui, pour se défendre, ne voit même plus le mal à consentir l’aveu qu’elle compte exposer les dépôts aux risques de ses turpitudes spéculatives, et qu’elle est même bien contente de les avoir sous la main !


Même le banking split complet [14], en lieu et place de la filialisation et des conceptions passablement Titanic que Karine Berger se fait de « l’étanchéité », ne suffirait pas à apporter une réponse satisfaisante. Il faut couper absolument toute connexion entre les institutions de dépôts et les banques de marché, non seulement, évidemment, tout lien capitalistique du type holding-filiale, mais tout lien de crédit ou de contrepartie avec n’importe quel acteur spéculatif, puisque c’est aussi par ce genre de canaux que les dépôts finissent par se trouver exposés.

 

Ceci signifie qu’une banque commerciale ne pourra en aucun cas être impliquée dans une relation de crédit avec une banque de marché — en tous cas du côté créancier. Laquelle clause suppose alors d’instituer deux marchés interbancaires séparés.

 

Voilà ce qui suit de prendre au sérieux l’idée de séparation bancaire : séparation dans tous les domaines ! Séparation des institutions bancaires elles-mêmes ; séparation de leurs conditions réglementaires (ratios de capital, leviérisation, etc.) ; séparation des marchés interbancaires ; et comme on l’avait proposé il y a quelque temps déjà [15], séparation des taux d’intérêts de la banque centrale pour les refinancements respectifs des banques commerciales et des banques de marché [16].


Si le socialisme de gouvernement n’était pas complètement colonisé de l’intérieur par la finance, s’il lui restait quelques audaces et s’il avait pris un tant soit peu la mesure des désastres que la finance de marché a infligés au corps social, ça n’est pas cette indigente loi de « séparation » qu’il lui imposerait. Mais une loi d’apartheid.

Notes

[1] Compte-rendu n°60, commission des finances, séance du mercredi 30 janvier 2013, p. 7.

 

[2] Un internaute, Veig, fait remarquer à raison que si Karine Berger ne touche plus, elle a touché, et même considérablement puisqu’elle était économiste chez Euler-Hermès, société d’assurance-crédit

 

[3] Benjamin Masse-Stamberger, « Réforme bancaire : des lobbys très investis », L’Expansion, 5 décembre 2012.

 

[4] La SFEF (Société de financement de l’économie française) pour les crédits de secours et la SPPE (Société de prise de participation de l’Etat) pour les apports en (quasi) fonds propres.

 

[5] Dont 77 milliards au titre des prêts de la SFEF et 20 milliards au titre des prises de participation de la SPPE.

 

[6] Voir Anuj Gangahar, « Default protection : collateral management grows in strength », Financial Times, 19 septembre 2011.

 

[7] Voir « L’effarante passivité de la “re-régulation financière” », in Les Economistes Atterrés, Changer d’économie, Les Liens qui Libèrent, 2012.

 

[8] Charles Goodhart, Avinash Persaud, « How to avoid the next crash », Financial Times, 30 janvier 2008.

 

[9] Compte-rendu n°63, commission des Finances, séance du mercredi 30 janvier 2013, p. 10.

 

[10] Périodiquement sujet à révision, la dernière datant du 23 novembre 2011.

 

[11] Pour éviter toute confusion, il est utile de préciser que, en dépit de leur appellation, les « marchés de gros du crédit » ne produisent pas stricto sensu du crédit, opération de création monétaire dont seules les institutions bancaires sont capables, mais offrent des financements obligataires.

 

[12] Tandis que la solvabilité est typiquement un indicateur de robustesse financière de long terme.

 

[13] Pour une exposition détaillée de cette proposition, voir « Et si on fermait la Bourse », Le Monde Diplomatique, février 2010.

 

[14] C’est-à-dire l’extraction de toutes les activités de marché, placées dans une nouvelle entité n’ayant aucun lien capitalistique avec la banque d’où elles ont été sorties.

 

[15] « Quatre principes et neuf propositions pour en finir avec les crises financières », 23 avril 2008.

 

[16] L’idée étant de pouvoir tuer une bulle au début de sa formation en portant les refinancements des banques de marché à des taux d’intérêt meurtriers sans nuire par ailleurs au prix du crédit à l’économie réelle.

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 10:15

Peut être attendez vous de comprendre que l'or en papier, les manipulations a la baisse, le gold carry trade, les réserves déclarées des banques centrales; tout ça n'est qu'un écran de fumé!!!


C'est au yeux de tout le monde que les grandes monnaies occidentales ont été déclarées monnaies de singe, par ceux là même qui vous les impriment, sous le vocable de quantitative easing ILLIMITÉ........pendant que les truffes se jettent sur des marchés financiers , qui ne sont plus rien , et certainement pas des marchés, vu qu'il faut qu'il y ai un acheteur et un vendeur pour s'appeler marché..................j'imagine mal ma vendeuse de légumes monter un stand avec des prix sans acheteurs.........juste des robots qui prétendraient poser une options a termes sur des patates qui de plus sont déjà pourries .

 

http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcSfzFZhEBF7xgDnPl3X7DWuXHjWPbeWeb9ZismFeRCU8Jva2O8rgA

 

Le CAC a 10.000 points et la baguette a 5 euro, vous n'auriez pas encore compris?


Les États sont en faillite, les banques sont en faillite........

 

 

Et vous imaginez qu'ils ne le savent pas? qu'ils ne préparent rien?Non , ils veulent simplement que vous dormiez tranquilles pour finir leur sale boulot...............votre ruine, et préparer leur radeau de sauvetage.


Leur dernière carte , c'est la confiance aveugle de la piétaille avant le big one qui va redessiner la carte mondiale, et ça peut marcher si la plèbe continue d'acheter les tonnes de papier qu'ils inventent, car si le peuple français simplement, qui se prétend révolutionnaire décidait de faire sauter ce système pourri jusqu'à la moelle, il suffirait qu'il transforme son épargne en or!!!

 

Heureusement pour le système ils ont réussi a lobotomiser 99% de la population qui imagine que le clochard du coin dispose d'un compte ZZ a la banque Rothschild et que c'est normal qu'il inonde la ville avec son chéquier!!!


Mais que se passe t-il dans les coulisses?


je laisse la place a Mr Evans-Pritchard:


'Le monde vient d'adopter un nouvel étalon-or dans la plus grande discrétion'

par Audrey Duperron

Le monde vient de se doter d’un nouvel étalon or, et cela s’est fait sans réunion au G20 pour en débattre, affirme Ambrose Evans-Pritchard dans le Telegraph.


L’étude annuelle de la GFMS pour 2012, une société de recherches spécialisée sur les métaux précieux, avait déjà indiqué que les banques centrales à travers le monde avaient acheté plus d’or l’année dernière qu’elles ne l’avaient fait quasiment au cours des cinquante dernières années.


Elles auraient ainsi acquis 536 tonnes d’or en 2012, qui ont été substituées aux réserves détenues dans les 4 devises les plus courantes : le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling. Parallèlement, elles ont réduit de 26% leurs détentions en obligations souveraines européennes de la zone euro, leur faisant retrouver les niveaux qu’elles avaient atteint il y a une décennie.

 

http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQSrE8hkDzpm07iM42ZSpyHJhOO1PfPRJHMTN3g9oBWz0UY20rG


C’est donc la perte de confiance dans les deux plus grandes devises de réserve du monde, le dollar et l’euro, qui suscite cette évolution. La crise de la dette a révélé les défauts de la monnaie unique, qui ne dispose pas d’une trésorerie capable d’intervenir pour la soutenir, tandis qu’elle est agitée de crises successives ; quant au dollar, c’est la dette abyssale des Etats Unis qui lézarde sa crédibilité.


Ce mouvement est bien sûr initié par les pays détenteurs de ces 4 monnaies, rejoints par de nouvelles puissances émergentes. A eux tous, ils détiennent les deux tiers des 11.000 milliards de dollars de réserves en devises du monde.


La Chine se serait fixée d'accroître ses réserves d’or pour qu'elles dépassent 2% du total de ses réserves en devises.

La Russie s’est même fixée un seuil de 10% de ses réserves en or.

Le même mouvement s’observe de toutes les régions du monde, en Amérique Latine, au Moyen-Orient, ou dans le Pacifique.

Et cette semaine, on a appris que la Bundesbank procédait au rapatriement de ses réserves d’or détenues à New York et Paris. Selon Mohammed El Erian, le CEO de Pimco, cet évènement pourrait déclencher un vaste mouvement d’imitation à travers le monde. « Aucun pays ne voudra se retrouver à être le dernier à sous-traiter toute cette activité à des banques centrales étrangères », a-t-il dit.


Pour Jim Sinclair, un expert dans le domaine de l’or surnommé « Mr Gold », la décision de l’Allemagne, qu’il compare à un séisme, est comparable en impact à la décision de Charles de Gaulle de rapatrier les réserves d’or de la France qui étaient conservées aux Etats-Unis à la fin des années 1960, qui avait été un signe avant-coureur de la suppression du système de Bretton Woods 3 ans plus tard. Il croit même que la décision de la Bundesbank pourrait sonner le glas du dollar comme monnaie de référence internationale.


Mais pour Evans-Pritchard, l’or devrait plutôt s’intercaler comme un troisième étalon de référence aux côtés du dollar et de l’euro, ce qu’il estime être une bonne chose.

 

« Un étalon-or partiel, créé par le marché international, et n’appartenant à personne, est le meilleur des mondes. Il offre une valeur de conservation (quoique sans rendement). Il agit comme un contrepoids. Il n’est pas assez dominant pour nuire au système.

Offrons-nous donc trois devises mondiales, un tripode avec une jambe d’or. Il pourrait même offrir le luxe d’être stable », conclut-il.

 

 Les Français vont crier… eh bien, et après ?

 

 Le retour à l’étalon-or

 


L'étalon or la porte de sortie des banksters. by lovy1966
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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 09:19

http://www.latribune.fr/getFile.php?ID=6136193&ext=jpg&W=300&H=9999Michel Santi est l'auteur de "Splendeurs et misères du libéralisme", ouvrage dans lequel il s'interroge sur les raisons de la crise qui secoue l'Europe.

Dans cette chronique, il revient sur les effets pervers des injections de liquidités et de baisses de taux quantitatives pratiquées par les banques centrales.

Selon lui, les taux d'intérets infimes, censés favoriser l'investissement, ont contribué à créer une bulle spéculative sur les marchés boursiers.


Le contexte général d'incertitude explique certes partiellement la frilosité des entreprises à investir et à embaucher. La crise européenne, la falaise fiscale aux Etats-Unis de même que les négociations en cours sur le plafond de leur dette, le ralentissement du moteur chinois, sont bien-sûr autant de facteurs qui entrent en ligne de compte dans les décisions - ou dans l'absence de décision - des directions générales.

Après tout, les perspectives économiques en Europe - y compris en Allemagne - n'inspirent que du pessimisme. Les Etats-Unis ayant, pour leur part, évité de justesse en fin d'année 2012 une catastrophe annoncée avec la résolution in extremis de leur contentieux budgétaire. Néanmoins, les taux d'intérêts actuels, proches du zéro absolu dans la majorité des pays aux économies dites « intégrées », devraient - en tout cas théoriquement - favoriser l'investissement de la part des patrons d'entreprises.

 

La réponse se trouve en fait dans la question. Car c'est précisément ce niveau des taux d'intérêts à leur plus bas historique qui, contre toute attente, freine de manière décisive tout investissement sur le moyen et sur le long terme de la part des entreprises. En tentant de sauver le système à travers le levier des injections de liquidités et des baisses de taux quantitatives, les banques centrales ont en réalité contribué bien involontairement à enfler une nouvelle bulle spéculative.

De fait, ces taux d'intérêts réels infimes, voire négatifs dans certains pays, censés favoriser l'investissement et dynamiser les économies ont créé un monstre ! Tandis que le marché des actions offrait traditionnellement rentabilité et croissance sur le long terme aux investisseurs, et que le marché obligataire permettait, lui, de dégager du revenu.

Les baisses de taux quantitatives ont en effet bousculé cette donne car les liquidités globales se sont dès lors progressivement agglutinées vers les marchés boursiers internationaux qui disposaient d'un atout de taille en ces temps de taux déprimés : les dividendes.


Comme les investisseurs en mal de rentabilité se sont rendus compte que la distribution de dividendes sur les portefeuilles actions répondait très honorablement à leur quête de rendement.

Ils ont donc détourné le marché boursier de sa vocation originelle de financement des entreprises pour en faire une machine à produire du rendement par dividendes interposés.

Phénomène sans précédent depuis 50 ans, le marché des actions est ainsi devenu un marché obligataire alternatif. Cette mue des bourses mondiales en tiroir caisse pour investisseurs, friands de revenus réguliers et substantiels, est à l'évidence lourde de conséquences pour le monde de l'entreprise, pour les travailleurs, et bien-sûr pour les banques centrales comme pour les dirigeants politico-économiques.

Alors que la vocation première des bourses était de mettre les pourvoyeurs de capitaux en relation avec les sociétés ayant besoin de leurs liquidités. Alors que les investisseurs sont supposés percevoir une participation au développement de l'entreprise en contrepartie du risque assumé en mettant leurs capitaux à sa disposition.


Le contexte des taux très bas stérilise de facto toute la palette des investissements. Et la dépendance accrue des entreprises à ces détenteurs de liquidités - préoccupés par obtenir du rendement sur le court terme - opère une redistribution en profondeur des ressources. Tout en contraignant les sociétés à modifier leur stratégie voire leur façon de diriger et de gérer leur outil de travail.

De même pour les banques centrales qui constatent que leur politique, souvent agressive, de taux d'intérêts proches du zéro - loin de forcer la main des entreprises pour placer sur le long terme - conduit celles-ci à opter au contraire pour des instruments privilégiant la liquidité à court, voire à très court terme.

Comme la distribution de dividendes ou le rachat d'une partie de leurs propres actions. A l'instar de Ford qui a tout récemment décidé de doubler (de 5 à 10 cents) son dividende : opération qui lui coûtera 762.5 millions de dollars mais qui a par ailleurs autorisé la flambée de son titre de 35% ces trois derniers mois !


Comme toujours, le monde de l'argent a donc trouvé la parade pour surmonter - ou contourner - l'écueil des taux nuls et des injections de liquidités en parvenant à trouver une nouvelle « vache à lait ».

Son appât du gain a en effet gonflé une nouvelle bulle et a, accessoirement, faussé et dévoyé toute la théorie économique qui veut que des taux d'intérêts à de tels niveaux et qu'une création monétaire dynamique doivent logiquement profiter aux acteurs économiques.

Au lieu de cela, les mécanismes de transmission monétaire ont été déroutés pour transformer les marchés boursiers en bandits manchots crachant systématiquement de la monnaie.

En outre, la notion de gestion du risque - censée privilégier les marchés obligataires sécuritaires aux bourses nettement plus spéculatives - s'est estompée. Inversement, l'escalade de la prime de risque - c'est-à-dire la rémunération offerte au détenteur d'action en contrepartie du risque assumé - atteint de tels niveaux que les détenteurs de cash (les fonds de pension, les gros investisseurs, les fonds souverains, etc...) ne jurent plus que par des marchés boursiers ayant comme avantage considérable de payer des dividendes, alors que la conjoncture économique est pour le moins déprimée.


Le contexte des taux d'intérêts proches du zéro absolu n'a ainsi fait qu'exacerber cette quête effrénée aux profits de l'investissement globalisé avec, une fois de plus, des conséquences calamiteuses pour l'économie réelle.

Les entrepreneurs préfèrent en effet consacrer leurs cash-flows à distribuer des dividendes en lieu et place d'opérer à des placements sur le moyen et sur le long terme dans l'intérêt de leur société et de ses salariés.

Les banques centrales savaient-elles que leur politique monétaire hyper laxiste ne ferait qu'accentuer cette guerre que se livrent travail et capital ?


En 2011, les entreprises américaines ont en effet dépensé 650 milliards de dollars en distribution de dividendes et rachats d'actions par rapport à un montant de 580 milliards destinés à l'investissement et au développement. Sachant que la tendance pour 2012, meilleure année boursière depuis 10 ans, devrait se révéler encore plus dommageable aux postes bénéficiant traditionnellement à l'outil de travail.

 

Pire encore puisque les émissions obligataires des sociétés ayant prévu de réutiliser ces fonds pour investir dans l'outil de production furent lourdement boudées, au profit de celles qui avaient annoncé dès le départ leur intention de recycler ces sommes en dividendes et en rachats de leur propre titre !


L'influence prépondérante de l'actionnariat sur les stratégies des sociétés cotées dénature donc le métier d'entrepreneur.

Pour avoir cédé aux sirènes - parfois aux avertissements - des détenteurs de liquidités ayant pris leur titre en otage, le chef d'entreprise et son directeur financier sont progressivement devenus des pourvoyeurs de revenus réguliers, au détriment de l'investissement et bien-sûr de l'emploi.

Le marché des capitaux lui-même n'est plus qu'un gigantesque « hedge fund » qui exploite opportunément les bourses et qui s'en détournera dès que la bulle sera sur le point d'imploser.

 

Que les responsables politiques, économiques et monétaires daignent enfin s'intéresser de près au théâtre boursier et à ses coulisses, si leur souci est bien de rétablir la croissance économique et de résorber le chômage. Car les grands patrons d'entreprises dont le titre est coté ont désormais achevé leur mue en grands argentiers, et jouent à fond le jeu de la financiarisation.

C'est pourquoi il n'est plus possible de miser aujourd'hui sur eux, ni sur leurs entreprises, et encore moins sur le marché boursier pour relancer nos économies. Devenue distributrice de capitaux, l'entreprise participe aujourd'hui pleinement de la mort, lente mais inéluctable, du culte des bourses.


*Michel Santi est un économiste franco-suisse qui conseille des banques centrales de pays émergents. Il est membre du World Economic Forum, de l'IFRI et est membre de l'O.N.G. « Finance Watch ». Il est aussi l'auteur de l'ouvrage "Splendeurs et misères du libéralisme"

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 11:34

 

Michel Santi est l'auteur de "Splendeurs et misères du libéralisme", ouvrage dans lequel il s'interroge sur les raisons de la crise qui secoue l'Europe.

Il revient ici sur la politique de la France envers les multinationales, qui grâce à des montages juridiques sophistiqués, parviennent à ne pas payer, ou très peu, d'impôt. Ce qui fait de la France un paradis fiscal pour ces grands groupes, plaçant la France à la troisième place mondiale des importations de capitaux.

 

http://www.latribune.fr/getFile.php?ID=6136193&ext=jpg&W=300&H=9999

 

Menaces de nationalisation, spectre d'un taux d'imposition à 75% sur les plus fortunés, coûts salariaux élevés, code du travail rigide...

Rien n'y fait ! Puisque la France est le troisième pays au monde (après la Chine et les Etats-Unis) à attirer les capitaux étrangers.

C'est cette capacité de l'économie française à avoir pu attirer quelque 43 milliards d'euros sur les neuf premiers mois de l'année 2012 que le New York Times qualifiait tout récemment de « paradoxe ».

 

Une mine d'or pour les grandes entreprises


Etrangement, la réalité crue du quotidien de ses classes moyennes et pauvres n'altère pas ce diagnostic selon lequel la France constitue une mine d'or pour des entreprises qui y bénéficient de crédits d'impôts et d'allègements fiscaux parfois substantiels sur des dépenses affectées à différents postes.

 

Contexte idéal qui motive en effet l'installation sur l'Hexagone de grands noms comme Google, ou Amazon (qui y établit un second centre de distribution).

A l'exemple de ces 171 compagnies ou usines qui ont opté en 2011 pour la France, préférée de très loin à l'Allemagne et à la Grande Bretagne.

 

http://farm9.staticflickr.com/8198/8190297977_be70202005_z.jpg

 

Sachant que le gouvernement français actuel persévère dans cette voie avec des mesures emblématiques comme les allègements de 20 milliards d'euros de charges, ou encore le « Crédit Impôt Recherche » donnant droit à un remboursement de 45% des dépenses de l'entreprise sur le poste de la recherche et du développement.


Car, en dépit de l'austérité mise en place par tous ses gouvernements successifs depuis le déclenchement de la crise, malgré un contexte social tendu et un écheveau de lois et de règlementations complexes - à moins que ce ne soit grâce à cette complexité ? -, la France est bel et bien un paradis fiscal pour les multinationales et pour les moyennes à grosses entreprises.

 

Elles peuvent en effet s'y établir et y prospérer quasiment sans payer d'impôts sur leurs bénéfices, en « triturant » ses lois à la limite de la légalité, souvent au-delà...

Forçant la réaction, parfois brutale et souvent légitime, des autorités françaises.


Les multinationales profitent de la multilocalisation


Autorités françaises qui ont perquisitionné le groupe Partouche, propriétaire de casinos, d'hôtels, de restaurants et de sociétés de paris en ligne. Qui ont déboulé dans les bureaux de Microsoft (en juin 2012) et de Google (en juin 2011), accusés d'avoir fait facturer à leurs succursales irlandaises des tâches accomplies par les branches établies sur territoire hexagonal.

 

http://static3.editialis.fr/Images/Archives/MD/MD125/Para129544.jpg

 

Autorités françaises qui ont également « visité » les locaux de Facebook (été 2012), pour revenir en novembre de la même année perquisitionner quatre centres de Google. Et y saisir des dossiers dans une affaire où cette entreprise est accusée de ne pas déclarer nationalement des transactions de ventes d'encarts publicitaires effectuées auprès de consommateurs français.


Google qui se défend naturellement en arguant que ses recettes françaises ne proviennent que de tâches subalternes, même s'il reste inconcevable et injustifiable qu'elle ne paie que 5 millions d'euros d'impôts (en 2011) sur le 1,25 milliard d'euros de profits générés en France !


Idem pour eBay et pour sa société affiliée PayPal qui furent encerclées et fouillées de manière spectaculaire en décembre dernier. Accusées de n'avoir réglé que 1,35 millions d'euros d'impôts sur les 22 millions engrangés en France...


Certes, les multinationales excellent dans l'art de payer le moins possible d'impôts sur leurs bénéfices, comme dans celui de contourner subtilement les règlementations fiscales.

Les exemples de GE et de Boeing qui, en dépit de leurs profits colossaux, ne s'acquittent aux USA de nul impôt sur les bénéfices sont bien connus.

 

Pour autant, ces géants ont parfait leurs méthodes et affiné leur stratégie en France. Par l'usage de succursales en Irlande ou aux Pays-Bas qui reçoivent le gros des recettes pendant que la société enregistrée en France n'est rémunérée que pour couvrir ses frais.

Ce qui permet de transférer par la suite les profits vers des centres offshores.

 

Autant de tours de passe-passe qui se situent dans cette zone grise que le système judiciaire français, très lent, peine à élucider et à démêler.


A l'heure de la rigueur qui touche le citoyen français et alors que cette anée 2013 risque fort d'être celle de la contraction économique pour la France, espérons que notre « hospitalité industrielle » ne nous transforme pas en « idiots du village global ».


*Michel Santi est un économiste franco-suisse qui conseille des banques centrales de pays émergents. Il est membre du World Economic Forum, de l'IFRI et est membre fondateur de l'O.N.G. « Finance Watch ». Il est aussi l'auteur de l'ouvrage "Splendeurs et misères du libéralisme"


La vérité sur... l'impôt des sociétés du CAC 40

 

 

Bientôt des inspecteurs du fisc sans frontières

 

 

« Les taux d’imposition des multinationales à 3 ou 4% posent question »

 

 Moins d'impôts pour les grandes multinationales

 

 comment les Etats peuvent-ils faire payer les multinationales qui se jouent des frontières ?

 

 

Fiscalité: comment les multinationales échappent à l'impôt

 


 

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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 11:12
Immobilier, blanchiment, Libor : les banques paient cher leurs erreurs

Les banques s'apprêtent à payer 10 milliards de dollars pour leur implication dans la crise immobilière américaine.
Depuis quelques mois, le niveau des sanctions a changé d'échelle outre-Atlantique.

 

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Dix milliards de dollars. C'est la nouvelle amende que s'apprêtent à accepter une quinzaine de banques pour avoir expulsé des Américains de leur maison de manière abusive. La sanction ne répare certes pas les dommages causés, mais son poids prouve la volonté des régulateurs anglo-saxons de sanctionner au prix fort les excès de la finance.

 

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« Les amendes ont explosé l'an dernier et sont encore appelées à croître au cours des prochains mois », prédit Dirk Becker, analyste chez Kleper Capital Markets.

Un chiffre achèvera de convaincre les plus sceptiques : parmi les quatre amendes les plus fortes de l'histoire bancaire, trois ont été prononcées au cours du dernier mois : elles ont été infligées à HSBC (1,9 milliard de dollars), UBS (1,5 milliard) et Standard Chartered (667 millions).

Au total, les banques européennes auraient acquitté plus de 6 milliards de dollars d'amendes l'an dernier, selon l'agence Bloomberg. 


Les retombées de la crise immobilière

En février, JP Morgan, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup et Ally ont signé un accord avec les procureurs des 50 Etats américains : elles y ont pris l'engagement d'aider les propriétaires à renégocier leurs prêts ou à réduire leur dette, à hauteur de 26 milliards de dollars sur trois ans.

 

Ce n'est pas une amende en tant que telle, car il s'agit surtout de révision de contrats. La facture n'en reste pas moins très lourde.

L'accord de 10 milliards qui doit être annoncé dans les prochains jours est un peu plus large : il a été négocié, cette fois-ci, entre les régulateurs financiers - le bureau du contrôle de la monnaie, notamment - et les banques concernées, dont les cinq déjà citées. Il doit remplacer le système de dédommagement mis en place en 2011, qui n'a pour l'instant profité à aucune famille.

 

http://img.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L288xH299/gf-1a444.jpg


les autres affaires les plus coûteuses

L'affaire du Libor pourrait coûter quelque 20 milliards de dollars à une quinzaine de banques, selon les évaluations de Morgan Stanley. Soupçonnées d'avoir manipulé ce taux, elles auraient rendu plus cher des produits financiers grand public, tels des emprunts immobiliers ou des prêts étudiant.

UBS a déjà écopé d'une peine de 1,5 milliard de dollars et sera certainement la plus lourdement sanctionnée de toutes.

 

http://4.bp.blogspot.com/-yR9jofKZdcM/UNkY5Iy_YzI/AAAAAAAAdUw/WFYIK4cg7uU/s1600/0+a+a+agent+banque+daupe.jpg

 

A ces jugements s'ajoutent les plaintes déposées par les particuliers, qui pourraient encore faire gonfler la facture. Le blanchiment d'argent, au profit de cartels de la drogue ou de pays tels que Cuba et l'Iran, a également coûté cher aux banques : la facture s'élève à 3,2 milliards pour 2012, dont près de 2 milliards rien que pour HSBC.

les banques ont les reins assez solides

Les banques estiment que les sanctions financières réduisent d'autant leur capacité à renforcer leurs fonds propres.


« C'est faux. Les banques ne se précipiteraient pas pour négocier des accords avec les régulateurs s'ils ne leur étaient pas aussi favorables », estime Pierre de Ravel d'Esclapon, avocat au barreau de New York.


Les sanctions restent notamment très inférieures aux profits dégagés par les banques. Dans le cas des affaires de blanchiment d'argent, par exemple : la pénalité imposée à HSBC a beau constituer un record, elle ne représente que 8 % de son bénéfice avant impôt attendu pour 2012.


l'utilisation de l'argent des amendes

http://laresilience.hautetfort.com/media/00/02/1829830287.jpg


L'an dernier, plus de 5 milliards de dollars ont alimenté les caisses du Trésor américain, ce qui permet de réduire le déficit.

Dans certains cas, les amendes permettent aussi d'indemniser les victimes. 1,5 milliard de dollars ont ainsi déjà été versés aux personnes ayant perdu leur maison aux Etats-Unis.

 

Tout un symbole...

 

http://www.news-banques.com/wp-content/uploads/2013/01/Wegelin-Co-Private-Bankers.jpg

 

La plus ancienne banque privée suisse s'apprête à fermer définitivement ses portes en raison de ses ennuis judiciaires aux Etats-Unis.

Fondée en 1741, Wegelin a été condamnée, jeudi à New York, à payer une amende de 57,8 millions de dollars (44,4 millions d'euros) après avoir plaidé coupable de fraude fiscale.

Devant les juges, un des associés de l'établissement basé à Saint-Gall, Otto Bruderer, a reconnu que son groupe s'était entendu « de 2002 à 2010 avec des clients américains pour évader le fisc ».

 

« Wegelin savait que ce comportement était mauvais, a avoué cet ancien cadre d'UBS (mais la banque croyait qu'elle) ne serait pas poursuivie aux Etats-Unis pour ce comportement parce qu'elle n'y avait pas de bureaux.» Son erreur lui aura été fatale.


L'accord conclu avec la cour de justice du district sud de Manhattan permet aussi aux trois banquiers, accusés d'avoir aidé des clients américains à dissimuler plus de 1,2 milliard de dollars (922 millions d'euros) d'actifs, d'échapper à la prison.

 

« Une fois que le cas sera conclu, Wegelin cessera d'opérer comme une banque », résume un communiqué de l'établissement. Cet « arrêt de mort », qui pourrait être annoncé dès le 4 mars selon le Wall Street Journal, était attendu.

En janvier 2011, la banque privée suisse avait en effet cédé à Raiffeisen la «majeure partie de ses clients et collaborateurs», ne conservant que les activités incriminées par la justice américaine.

Enquêtes sur onze banques suisses


Sa surprenante décision de plaider coupable à New York risque toutefois d'avoir un sérieux impact sur les autres procédures qui visent des banques suisses aux Etats-Unis.


Les autorités américaines ont en effet lancé des enquêtes sur les activités de onze établissements financiers helvétiques dont Credit Suisse, Julius Baer et la banque cantonale de Bâle.

 

http://www.rts.ch/2012/08/27/11/44/4224335.image?w=534&h=301


Le 19 décembre dernier, le Cour de New York a inculpé deux collaborateurs en activité et un ancien employé de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) pour avoir aidé des clients américains à soustraire 423 millions de dollars au fisc américain.

 

Et tout récemment, la banque genevoise Pictet & Cie a reçu une demande de renseignements générale de la part des autorités américaines sur la nature de ses activités aux Etats-Unis.

Départs massifs de liquidités

Effrayés par ces affaires, de nombreux clients des établissements helvétiques ont déjà retiré leurs fonds.

Les avoirs étrangers détenus en Suisse ont ainsi chuté de 24% de janvier 2007 à septembre 2012, selon la Banque Nationale Suisse (BNS).

 

 

Ces départs massifs de liquidités ont contraint la plupart des banques à lancer des plans drastiques d'économie.

 

A Genève où le poids du secteur financier dans le PIB cantonal est passé de 24% à 17% en cinq ans, le nombre de chômeurs issus de la banque, de l'assurance ou des services annexes a explosé de 32% en un an.

Et les banques de la ville pourraient encore licencier 15% à 30% de leurs employés, selon le groupement des banquiers privés genevois.

 

Depuis 1990, le nombre d'établissements financiers établis en Suisse est déjà passé de 625 à 309.

 

 

 

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 09:48

Xerfi a reçu Jean-François Gayraud, commissaire divisionnaire en poste au Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique, qui a présenté son ouvrage "La Grande Fraude: Crime, subprimes et crises financières" (éd.Odile Jacob)

Et si la crise financière dont nous subissons encore les effets était bel et bien une vaste fraude ?

Voici un "autre récit" du krach. En tout cas, pas celui proposé en général par les économistes ou les financiers.

Décryptant les mécanismes ayant permis une succession d'actes criminels, reprenant les événements pièce par pièce et les replaçant dans une histoire plus longue, Jean-François Gayraud va ainsi au-delà de la stigmatisation de quelques boucs émissaires ou de la dénonciation de certains excès. Des politiques aveugles et dogmatiques de dérégulation des marchés ont ouverts la voie à des comportements criminels de grande ampleur au point de déclencher la crise des "subprimes". Dès lors, pour lui, il est impossible d'envisager un vrai assainissement, une reconstruction durable de la finance si ce diagnostic criminel n'est pas fait.

Après la globalisation des phénomènes mafieux et la pénétration du monde du spectacle, Jean-François Gayraud poursuit son exploration des criminalités organisées qui gangrènent les sociétés contemporaines.

Commissaire de la Police nationale, Jean-François Gayraud est docteur en droit, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'Institut de criminologie de Paris. Il est l'auteur du Monde des mafias et de La Grande fraude. Conseiller du président du Sénat pour les affaires stratégiques, François Thual est professeur au Collège interarmées de défense (ex-Ecole de guerre). Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la géopolitique dont certains ont connu un succès mondial.

Un document sans appel !

Jean-François Gayraud, Le crime de la finance, une vidéo Xerfi Canal



Xerfi Canal Jean-François Gayraud Le crime de la... par GroupeXerfi
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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 16:36

Les "maîtres du monde" réunis à Tokyo du 9 au 13 octobre à l'occasion de l'assemblée annuelle du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale ne maîtrisent rien du tout. Les 188 ministres des finances, plus autant de gouverneurs de banques centrales, y ont donné le spectacle d'une planète déboussolée. Car la belle solidarité déployée sous la houlette du FMI, quand la crise grondait de 2008 à 2010, s'est envolée. Le "chacun pour soi" et le "faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais" sont devenus la règle pour des gouvernants englués dans leurs stratégies électoralistes.

 

A Tokyo, la zone euro a été la région la plus montrée du doigt pour l'effet dépressif mondial que provoque son incapacité à juguler la crise de sa dette. Personne ne l'a dit, mais la Grèce est considérée par tous comme incapable de se redresser et de rembourser ses emprunts. On lui donnera du temps – "deux ans", a proposé Christine Lagarde, la patronne du FMI –, mais personne ne veut lui prêter plus d'argent que ce qui lui a été promis. "Oui, dit un des décideurs de son sort, la Grèce fera défaut, mais personne n'en prendra la responsabilité."

 

Passé par pertes et profits, ce pays ne semble plus être le problème de la zone euro. Il a cédé sa place à l'Allemagne. Quoiqu'ils en disent pour complaire à leur opinion, les dirigeants américains sont moins irrités par Pékin que par Berlin : les Allemands ont profité de la baisse de l'euro pour accroître leurs parts de marché à l'export ; par leur orthodoxie budgétaire, ils bloquent la reprise de la croissance en Europe.

 

Voilà qu'ils encouragent les Espagnols à ne pas demander l'aide conjointe de l'Europe, de la Banque centrale européenne (BCE) et du FMI et qu'ils traînent les pieds pour bâtir l'union bancaire européenne que le monde entier réclame ! A Tokyo, leur raideur a fait l'objet de vives critiques et nul ne pense que le Conseil européen du 18 et du 19 octobre sera plus efficace que les précédents.

 

Mais les Etats-Unis, eux aussi, menacent l'équilibre mondial, comme se sont fait un plaisir de le rappeler Yi Gang, gouverneur adjoint de la Banque de Chine, ou Guido Mantega, ministre brésilien des finances. Une incapacité de leurs deux partis à s'entendre pour réduire leurs déficits déclencherait, dans douze semaines, des coupes automatiques dans le budget de l'Etat, un "précipice budgétaire" qui plongerait le pays mais aussi le monde entier dans la récession.

 

Pis : qui bloque la réforme de la représentativité au FMI ? Les Etats-Unis. Et qui a tué les négociations du cycle de Doha à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ? Les Etats-Unis saisis d'un incoercible réflexe de repli pour cause de campagne électorale. La Chine est-elle exempte de critiques ? Non, car le laborieux processus de succession à Pékin est aussi perturbant pour la deuxième économie mondiale que le ralentissement européen pour ses exportations.

 

On peut poursuivre à l'envi le tour du globe des palinodies politiques. Le Brésil qui fait la leçon aux pays riches ? Il a mis en place en 2011 un assainissement budgétaire trop draconien et plus dommageable pour son économie que les flux financiers venus du nord. Le Japon ? Les dirigeants de ce recordman du monde de la dette sont incapables de décider une politique fiscale pour tarir leurs déficits. L'Inde ? New Delhi n'en finit pas de voter, puis d'annuler les réformes, les politiques, les infrastructures qu'exigerait son milliard d'habitants.

 

La situation n'est pas plus brillante dans les institutions. Pour sauver des économies en péril, les banques centrales (BCE, Réserve fédérale, Banque du Japon, Banque de Chine, Banque d'Angleterre) se sont lancées dans des politiques monétaires et financières laxistes sans se soucier des dégâts infligés aux voisins. Mme Lagarde les a sermonnées, dimanche 14 octobre, pour les risques de surchauffe que ces politiques génèrent, alors qu'elle les avait félicitées naguère d'avoir sauvé la croissance grâce à ces assouplissements inédits !

 

Le FMI gagnerait à ne pas rajouter à la pagaille ambiante et à garder le cap qu'il tient depuis deux ans à l'intention de ses Etats membres : "Poursuivez vos "consolidations budgétaires" (la réduction des déficits), mais pas au point de tuer la croissance." Depuis le 8 octobre, il a monté le ton : "Donnez du temps au temps, car le tarissement des déficits a des effets plus redoutables que nous ne le prévoyions."

 

Hélas ! il n'y a plus ni lieu ni temps pour mettre fin à ces cacophonies. Le G20, où s'harmonisaient vaille que vaille les crispations nationales, voire nationalistes, est en sommeil. Le Mexique a bâclé en six mois le sommet de juin à Los Cabos pour cause de changement de président. La Russie, qui en héritera le 4 novembre à Mexico, ne sait pas trop ce qu'elle souhaite en faire, hormis en profiter pour briller sur la scène mondiale.

 

Nombre de gouvernants et d'ONG pensent donc que la stabilité financière, la lutte contre la pauvreté, ou la maîtrise de la volatilité des prix alimentaires demeureront à l'état d'envolées oratoires pendant les deux prochaines années. L'économie de la planète est désaccordée comme jamais, et ce n'est pas fini. "Une quarantaine de pays sont toujours malades de leurs déficits dont certains ne pourront pas se sortir, et ils feront défaut. Qui en gérera les turbulences et comment ? Quand commencera-t-on à y réfléchir... ensemble ?", s'inquiétait à Tokyo un "maître du monde" perplexe devant l'insouciance générale.

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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 13:22

http://www.legrandsoir.info/local/cache-vignettes/L250xH188/arton16994-cf4c6.jpgLa dette constitue aujourd’hui une question centrale dans l’agenda politique et social. C’est en son nom qu’on applique les privatisations, les mesures d’austérité et, en définitive, le transfert du coût de la crise sur le dos de la majorité de la population.

 

Il faut d’abord se poser ces questions : à qui profite la dette ? Qui l’a contractée ? A quoi a-t-elle servit ? Qui doit la payer ? C’est à ces questions que cherchent des réponses ceux qui, au sein du mouvement des Indignés, mettent en avant la nécessité d’un audit citoyen des dettes.

 

Au cours des décennies ’80, ’90 et 2000, nous avons pu constater l’impact de la dette extérieure sur les peuples du Sud de la planète, au travers de l’application systématique de programmes d’ajustement structurel et de mesure d’austérité dans les dépenses sociales qu’on présentait comme « nécessaires » pour garantir son remboursement.

 

Depuis 2010, avec l’éclatement de la crise de la dette souveraine, cette dernière est devenue une question clé également dans les pays de l’Union européenne, et particulièrement dans ceux de sa périphérie, où se condensent les contradictions de la crise actuelle.

 

La dette externe a été un instrument de contrôle et de domination utilisé par les élites politiques et économiques du Nord par rapport au pays du Sud, ainsi qu’un puissant mécanisme de transfert de ressources financières des seconds vers les premières. Aujourd’hui, c’est la même logique de soumission centre-périphérie qui se reproduit, mais cette fois ci au cœur de l’Europe, et ce sont les mêmes recettes d’ajustement et d’austérité qui y sont appliquées afin de payer la dette.

 

Mais la répudiation des dettes a été un phénomène constant tout au long de l’histoire. La doctrine de la « dette odieuse » qui, en droit international est utilisé pour répudier une dette contractée par un gouvernement qui l’a utilisée contre son peuple, a été évoquée et appliquée à plusieurs reprises tout au long des XIXe, XXe et XXIe siècles.

 

Depuis plusieurs années, des mouvements sociaux des pays du Sud mènent des campagnes qui dénoncent le caractère illégitime de la dette et, en conséquence, la cessation de son paiement. Les audits ont été l’un des principaux instruments utilisés à cette fin. L’expérience la plus significative fut celle menée à bien par l’Equateur où, en 2007, fut mise sur pied une Commission d’Audit Intégrale de la Dette Publique Interne et Externe, composée par des représentants de l’administration publique et des mouvements sociaux équatoriens et d’autres pays. Son travail avait permis d’aboutir, en 2008, au rejet du remboursement d’une partie de la dette qui fut déclarée illégitime.

 

Le processus d’audit rend possible la recherche du pourquoi les dettes furent contractées, à quoi ont-elles servit et à qui ont-elles bénéficié ? Il permet de mettre en lumière ses irrégularités, révéler les complicités des créditeurs et obtenir ainsi les arguments légaux afin de la répudier. Il s’agit d’un instrument profondément pédagogique qui permet de mettre en discussion le fonctionnement de l’Etat, de l’économie de marché, des relations institutionnelles et d’éclairer les coulisses obscures du pouvoir.

 

Avec la crise de la dette en Europe, des organisations et des mouvements qui, au cours des dernières décennies travaillaient sur des campagnes de répudiation de la dette externe des pays du Sud, commencent aujourd’hui, ensemble avec le mouvement des Indignés, à promouvoir des actions de dénonciation du paiement de la dette et d’explication sur l’articulation entre cette dernière et les mesures d’austérité, les privatisations et l’augmentation de la précarité.

 

Dans l’objectif de promouvoir un débat public et la participation populaire dans la prise de décision sur la dette, pour rompre avec le discours hégémonique sur le caractère « inévitable » de son paiement, les processus d’audit sont devenus l’un de leurs principaux instruments. Leur application devrait permettre, en s’accompagnant d’une grande mobilisation sociale, d’annuler la partie illégitime de la dette et de réduire significativement le reste. Dans des pays comme la Grèce, le Portugal, la France, la Belgique, l’Irlande, l’Italie et l’Etat espagnol, se mettent en marche des campagnes citoyennes pour l’audit de la dette.

 

De cette manière, face aux discours hégémoniques selon lesquels il faudrait « sauver les banques » ; « équilibrer les finances » ; « payer la dette », commence à émerger un autre discours : « sauver les familles » ; « éliminer la pauvreté » ; « ne pas payer la dette ». Car, quel est le sens d’injecter massivement des sommes publiques dans des entités financières telles que Bankia, si ce n’est pour garantir le maintien des privilèges d’une minorité sur le dos des droits et des besoins sociaux de la majorité ? Comme le souligne justement le mouvement Occupy Wall Street, on sacrifie les 99% pour sauver le 1%.

 

Les vérités absolues avancées pour faire face à la crise commencent à se fissurer. Une autre conscience collective émerge à partir d’en bas et elle commence par cette interrogation : « Faut-il payer la dette ? » Et la réponse est claire.

 

Esther Vivas

militante altermondialiste.

 

Elle vient de publier, avec Josep Maria Antentas, l’ouvrage “Planeta indignado. Ocupando el futuro” (Ed. Sequitur).

 

Traduction française : Ataulfo Riera

+ info : http://esthervivas.com/francais

 

La dette est un prétexte

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 08:52

http://2.bp.blogspot.com/-0L0iPMCx6qM/T80yFVm4seI/AAAAAAAAFL4/2FoJ2E3QQNA/s400/ramel.jpgLe 30 septembre 1797, le ministre des finances du Directoire, Dominique Ramel, provoqua un scandale chez la bourgeoisie et autres forces de l’argent, en annulant purement et simplement les deux-tiers de la dette française.

 

Cet évènement, peu connu du grand public, est appelé par les historiens la « Banqueroute des deux tiers ».

 

Précédemment, le gouvernement avait également fait brûler en place publique la planche à assignat, symbole de la spéculation de l’époque. S’en était trop pour la bourgeoisie : Dominique Ramel ne joua plus aucun rôle sous le Consulat et l’Empire.

Pour l’oligarchie, la défense de l’intérêt général est et a toujours été un péché mortel. Seule une méthode identique permettra à la France de se débarrasser du piège à loup financier sur lequel ses élites politiques l’ont délibérément fait marcher.

 

Que la chose soit donc dite sans plus attendre : il est hors de question que la France rembourse sa « dette », qui par ailleurs usurpe son nom, puisque comme nous allons le démontrer, celle-ci est le résultat d’un braquage et non d’un engagement contractuel.

 

La chose paraît difficile à croire mais elle est pourtant réalité : la dette ne vient que d’un simple jeu d’écriture.

La « dette » française est illégitime La « dette » française ne doit pas être remboursée parce qu’elle est illégitime.

 

Elle est illégitime car elle est le produit d’une succession de mesures et de décisions qui d’abord, l’ont créée de toute pièce, puis ensuite, l’ont rendu irremboursable. Comme l’a révélé André-Jacques Holbecq, puis comme l’a diffusé Etienne Chouard, avec d’autres à sa suite, la dette de la France vient la réforme de la Banque de France de 1973.

Cette loi interdit à notre Banque centrale de prêter à l’Etat à taux zéro et, donc, l’oblige à emprunter avec des taux d’intérêts sur les marchés financiers en cas de budget déséquilibré.

 

Le chiffre commence à être connu : à quelques dizaines de milliards près, la somme des taux d’intérêts payés depuis 1973 est quasi égale au montant de la dette actuelle. Traduction : pas de taux d’intérêt = pas de dette.

 

Grâce au Parti Socialiste, cet acte de haute trahison a été consacré au sommet de la hiérarchie des normes, à l’article 104 du traité de Maastricht, plus précisément, puis à l’article 123 du traité de Lisbonne.

Cette loi a été faite dans le dos du peuple, dans la plus totale opacité. L’immense majorité des citoyens (des quoi ?) ignore proprement son existence, si bien que ses initiateurs, Messieurs Valérie Giscard d’Estaing et Georges Pompidou, n’ont pour le moment aucun compte à rendre face à l’Histoire.

 

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La chose paraît difficile à croire mais elle est pourtant réalité : la dette ne vient que d’un simple jeu d’écriture. Rien de plus.

 

Est-il logique que la France ait vue naître une dette si colossale alors que les dépenses de l’Etat sont restées stables (contrairement aux idées reçues) et que jamais dans l’Histoire elle n’a produit autant de richesse ?

Si l’équation ne tient pas, c’est parce que la source de la dette n’est pas prise en compte. La classe politique française a agi par fraude. De l’extrême gauche à l’extrême droite, le secret a été bien gardé pendant des décennies. Il n’est donc pas sévère de considérer aujourd’hui un homme politique comme une prostituée de l’oligarchie financière.

De même, journalistes et économistes ont failli à leur mission en ne divulguant pas le coup fourré (le contraire nous eut étonné). Le peuple français est tombé dans un guet-apens mise en place par les prostituées précitées sur ordre de leur maître.

 

Les français l’ignorent, mais chaque année, ils payent un tribut à l’oligarchie financière. Outre cette fraude inconnue, il existe une autre cause d’illégitimité de la dette, qui pour dire les choses clairement, frôle le délire et la folie : on a prêté à la France de l’argent qui n’existe pas.

Le lecteur a bien lu.

 

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Compte tenu de la dématérialisation de la monnaie suite à la dénonciation des accords de Bretton-Woods et de la libéralisation du système de réserve fractionnaire, les banques et autres organismes financiers ont prêté des capitaux qui n’étaient pas couverts par de véritables réserves, soit des capitaux qui n’existent pas et uniquement symbolisés, sans qu’on nous explique d’ailleurs en quel honneur, par une ligne comptable sur un ordinateur.

Cet argent n’existait pas. Il était fiction.

Pourtant, le peuple français fut bien sommé de rembourser cette fiction avec la sueur de son front et le produit de son travail.

 

En droit, on appelle ce genre de manœuvre dolosive un dol.

 

Enfin, le poids de cette dette a été maintenu par une politique monétaire du franc fort, puis de l’euro fort, afin d’éviter tout rabotage par l’inflation.

Répétons-le, le peuple français s’est fait piéger par sa classe politique. Il serait temps qu’il s’en rende compte…

Mais les derniers résultats électoraux nous laissent penser qu’il en est loin. Un quart des impôts payés par le peuple français va directement dans les poches de l’oligarchie financière chaque année au titre des intérêts de la dette.

 

Abroger la loi de 73 n’est pas suffisant : il faut tuer la Bête Quatre candidats à l’élection présidentielle ont fait semblant de proposer l’abrogation de la loi de 73.

En effet, pour se faire, il faut dénoncer les traités européens, ce qu’aucun des faux abrogationnistes n’a fait.

 

Comme toujours, nous étions dans le Théâtre de Guignol et non dans la politique sérieuse. Ceci posé, même si nos faux abrogationnistes, nos faux dissidents, avaient été plus sincères et plus complets sur la question de la loi de 73, ils n’auraient pas pour autant fait trembler Goldman Sachs d’un seul pouce.

 

Pourquoi ?

Comprenez cher lecteur : avec ou sans crédit de la Banque de France, nos candidats se proposaient de rembourser la dette.

Dans tous les cas, les banques sont gagnantes, puisqu’on les paye. On ratifie le racket. On valide le braquage. On accepte l’humiliation sans broncher. Croyez-vous qu’il importe à JP Morgan d’être remboursée avec des capitaux venant des marchés ou d’une banque centrale ? Bien sûr que non ! JP Morgan veux notre argent, qu’importe sa forme ou son origine.

Entendons-nous : l’abrogation de la loi de 73 est indispensable et servira à financer nos déficits futurs. Mais il est hors de question d’utiliser ce nouveau levier pour rembourser les déficits passés, et pour cause : on ne rembourse pas un voleur.

Une simple abrogation de la loi de 73 est insuffisante puisqu’à elle seule, elle ne permet pas de détruire le carcan bancaire. Certes, les chaînes ne sont pas alourdies par de nouveaux taux d’intérêts, mais elles resteront intactes.

Le retour aux crédits de la Banque de France serait la perte d’une source de profit pour les banques, mais cette amputation serait parfaitement compensable par un surcroît de spéculation sur le marché des produits dérivés, et croyez bien que les concernés ne se gêneraient pas.

 

En revanche, il est un spectre qui terrifie les banquiers, un spectre contre lequel ils ne peuvent rien : la banqueroute. La banqueroute est un pistolet braqué sur la tempe des banques.

Compte tenu de l’illégitimité absolu de ce montage qu’on nous oblige à appeler dette, aucun égard ne doit nous retenir d’appuyer sur la gâchette.

 

Tel Nicolas Ramel, il faudra opérer à une banqueroute partielle de la dette.

 

Martelons-le : le seul et unique moyen de mettre les banques au pas est la banqueroute.

 

L’abrogation de la loi de 73 est insuffisante. L’oligarchie financière, bien aidée en cela par la clique de prostituées qui nous gouverne depuis quarante ans, ne reculera devant aucun obstacle pour voler son argent au peuple de France.

 

La banqueroute ou l’esclavage

 

Un quart des impôts payés par le peuple français va directement dans les poches de l’oligarchie financière chaque année au titre des intérêts de la dette.

Demain, à cause de l’augmentation des taux d’intérêts, c’est 30, 40, 50% de nos impôts qu’il nous sera sommé de donner à cette même oligarchie parasite.

 

En sus de cela, des sacrifices inacceptables tel ceux déjà pratiqués en Grèce seront exigés : blocage voire diminution des salaires des fonctionnaires, baisse des retraites privées et publiques, des allocations chômage, des aides sociales diverses, fermeture d’hôpitaux, de commissariats, augmentation d’impôts et création de taxes. Si tout cela n’aboutit pas à une guerre civile, le choc des civilisations soigneusement orchestré aidant, se sera miracle.

 

L’oligarchie financière, bien aidée en cela par la clique de prostituées qui nous gouverne depuis quarante ans, ne reculera devant aucun obstacle pour voler son argent au peuple de France. Nous ne travaillerons plus pour nous même, plus pour nos familles, plus pour notre pays, mais pour des banques, des hedge funds et des fonds de pension. Notre travail ne nous appartiendra plus. L’esclavage, de plus en plus en visible, sera officieusement rétabli. Nos vies nous seront volées. Nos maîtres pourront tout exiger de nous et, assommés, mystifiés, déracinés et abrutis par le totalitarisme de marché, nous plierons.

 

Ce cercle de servitude ne peut être brisé que par la solution Ramel, la banqueroute.

 

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La France a la chance de disposer en son Histoire d’une jurisprudence en la matière. Qu’on réitère donc la règle.

 

Suite à la banqueroute de 1797, la France, jouissant de la confiance des investisseurs, a pu redécoller économiquement sous le Ier Empire et continuer sa domination sur tout le continent…

 

Ecoutons donc ce conseil posthume de Dominique Ramel, cet authentique serviteur de la France (il y en eu peu).

 

Un simple décret présidentiel suffirait à annuler la dette illégitime et éviter le retour à l’esclavage. Parti en si bon chemin, il faudrait ensuite déclarer nul et non avenus les produits dérivés, tel ce qui fut un jour fait aux droits féodaux, car on ne doit pas taxer la spéculation mais l’éradiquer. Il est vrai que l’homme qui prendrait de telles mesures verrait son espérance de vie chuter aussitôt de plusieurs décennies. Pour un exploit de ce type, courage, patriotisme et volonté de sauver le peuple du péril qui le guette lui seraient nécessaires…

 

Mais de tout cela, la classe politique française actuelle est précisément dépourvue.

 

Entende qui a des oreilles pour entendre.

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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 10:36

En 2012, on est toujours gouverné par des imbéciles!!!

 

L’affaire Dexia illustre une fois de plus les conséquences très négatives de l’incompétence de nombreux dirigeants français d’entreprise issus de la haute fonction publique.

 

Le 29 mai dernier, les gouvernements belges et français ont demandé à la Commission européenne de proroger jusqu’à la fin de l’année et de porter à 55 milliards d’euros (soit 2,8 % du PIB français) les garanties publiques offertes à la banque franco-belge Dexia pour lui éviter la faillite. Ce énième épisode de la déconfiture de Dexia rappelle opportunément la véritable nature d’un des principaux maux qui plombe l’économie française depuis le début des années 1990 et explique pour une bonne part les réels problèmes de compétitivité que rencontre actuellement l’Hexagone. Il ne s’agit ni des 35 heures ni de la masse excessive des « assistés » par un système de protection sociale trop généreux, mais bien de l’incompétence de beaucoup de dirigeants des grandes entreprises françaises.

 

http://www.lexpress.fr/pictures/651/333399_un-ouvrier-retire-le-logo-de-dexia-sur-l-ancien-batiment-de-la-banque-a-bruxelles-en-fevrier-2012.jpg

 

Cette difficulté est due en particulier à toute une génération de hauts fonctionnaires ultralibéraux. Bien que dépourvus de toute expérience du marché et de la concurrence, ils se sont imaginés, à partir de la fin des années 1980, que, puisqu’ils avaient été bons élèves à l’école pendant leur adolescence et qu’ils avaient passé avec succès des concours très difficiles à l’âge de 20 ans, ils allaient pouvoir sans problème faire des miracles sur le marché mondial si on les propulsait du jour au lendemain à la tête de grandes entreprises nouvellement privatisées. Mais quand les clients, les fournisseurs et les banquiers n’ont plus été des copains de promo de l’ENA, les choses se sont rapidement gâtées…

 

Investissements hasardeux

 

Dans cette logique, nous avions déjà connu au milieu des années 1990 la débâcle du Crédit Lyonnais que Jean-Yves Haberer, inspecteur des finances et ancien directeur du Trésor, avait conduit dans le mur à cause notamment d’investissements hasardeux dans le cinéma américain. Au tournant des années 2000, cela avait été au tour de Jean-Marie Messier, lui aussi inspecteur des finances et ancien du cabinet d’Edouard Balladur, de conduire le groupe Vivendi à la catastrophe à coups, là encore, d’investissements hasardeux dans l’entertainment aux Etats Unis. La catastrophe Dexia répond à son tour à la même logique. Sous la houlette de Pierre Richard, polytechnicien et ancien haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, l’ex-Crédit local de France, privatisé en 1993 et devenu Dexia par la suite, est lui aussi allé dans le mur à cause, une fois de plus, d’investissements américains hasardeux. Ce sont surtout eux qui, au bout du compte, pourraient nous coûter 55 milliards d’euros…

 

Peu de contre-pouvoirs

 

Les effets de cette mégalomanie et de cette incompétence de nombreux dirigeants de grandes entreprises ont été notablement aggravés par la faiblesse des contre-pouvoirs dans la gouvernance d’entreprise à la française. Au sein des conseils d’administration, ces dirigeants se sont arrangés pour placer leurs semblables afin d’être sûrs de ne pas être embêtés selon le bon vieux principe du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ». Quant aux représentants des salariés, ils disposent en France de pouvoirs très limités vis-à-vis des directions d’entreprises. Leurs moyens de peser sur la stratégie des entreprises sont en particulier sans commune mesure avec ceux dont disposent leurs homologues allemands dans le cadre de ce qu’on appelle la Mitbestimmung, la codétermination, qui accorde aux comités d’entreprise un droit de veto sur de nombreuses décisions managériales et prévoit la présence d’une moitié de représentants des salariés au sein des conseils d’administration. Ce qui contribue notablement à expliquer les orientations plus long termistes des dirigeants d’entreprises allemands et leurs succès industriels actuels.

 

Combien de centaines de milliards d’euros d’argent public et privé, de chômeurs et de pauvres supplémentaires ces dirigeants incompétents nous auront-ils coûté depuis vingt ans ?

On n’arrivera bien sûr jamais à le mesurer précisément mais pour redresser l’économie du pays, ce n’est à coup sûr pas seulement ni principalement au bas de l’échelle qu’il faut changer des choses en profondeur.

 

Comme on dit en effet : « Le poisson pourrit par la tête. »

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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 11:15

Les établissements bancaires français échafauderaient dans le plus grand secret des plans d'urgence en cas de sortie de la Grèce de la zone euro.

 

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Les banques françaises, qui font partie des établissements bancaires étrangers les plus exposés à la Grèce, préparent dans le plus grand secret des plans d'urgence dans l'éventualité d'une sortie de la République hellénique de la zone euro, ont indiqué à Reuters des sources informées de ces préparatifs.

 

D'après des responsables de la zone euro, le comité de préparation de l'Eurogroupe avait demandé aux gouvernements de la zone d'élaborer chacun de leur côté des plans d'urgence en cas de retour de la drachme en Grèce.

 

"Chaque banque a désormais une équipe spéciale chargée de regarder les conséquences possibles d'un retour de la drachme", a dit à Reuters un banquier parisien sous couvert d'anonymat.

 

Des plans encore confidentiels

 

Si les banques françaises assurent être prêtes à cette éventualité et pouvoir en absorber les pertes qui en découleraient, aucune d'entre elles n'a souhaité en revanche s'exprimer sur les plans d'urgence mis en place, tout comme les pouvoirs publics.

 

D'après les données de la Banque des règlements internationaux et corrigées du risque réel pris sur l'emprunteur, les banques françaises ont pour 44,4 milliards de dollars d'engagements de crédit en Grèce contre 13,4 milliards pour les banques allemandes.

 

"Les banques préparent des plans d'urgence en cas de sortie de la Grèce, mais vous pouvez deviner pourquoi elles ne souhaitent pas que cela se sache publiquement", souligne un consultant travaillant pour les banques françaises, qui n'a pas non plus souhaité être nommé.

 

Des études sur la "Grexit"

 

Selon un banquier d'affaires, toutes les banques françaises ont mis sur pied des plans de crise sur la Grèce au cours des deux dernières semaines à la demande des régulateurs.

 

Ni BNP Paribas, ni le Crédit agricole, de loin la banque française la plus exposée à la Grèce, ni la Societe Générale n'ont souhaité faire de commentaires.

 

Le nouveau président François Hollande refuse de son côté d'envisager un tel scénario de sortie de la Grèce ("Grexit").

 

"Ils failliraient à leurs obligations fiduciaires s'ils ne le demandaient pas", a réagi un banquier d'affaires parisien à propos de l'éventualité d'instructions de l'ACP aux banques.

 

Les investisseurs redoutent du coup que le pays ne soit contraint d'abandonner la monnaie unique, au risque d'entraîner de lourdes pertes dans le secteur bancaire.

 


Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, n'exclut plus qu'Athènes puisse quitter l'euro.

 

«Notre préférence est que la Grèce continue à rester dans la zone euro», a-t-il déclaré mercredi lors d'un colloque à Francfort.

C'est une façon de reconnaître qu'une sortie n'était plus taboue. «Puisque le traité (instaurant la monnaie unique) ne prévoit rien sur une sortie, ce n'est pas la BCE qui décide», a-t-il ajouté, rappelant le vide juridique souvent évoqué en la matière, y compris par les experts eux-mêmes.

 

Cette déclaration confirme les propos tenus lundi par Luc Coene, l'un des six membres du directoire de la BCE, chargé des analyses économiques, qui avait évoqué «un divorce à l'amiable», dans une interview au Financial Times.

 

Ces propos, pour le moins ambigus et qui semblent jeter de l'huile sur le feu, traduisent aussi l'embarras des autorités de Francfort. Elles sont confrontées de facto à la fuite de capitaux dont sont victimes les banques grecques.

 

Le phénomène n'est pas vraiment nouveau mais il s'est accéléré ces derniers jours fragilisant encore plus le système bancaire grec.

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 11:52

Certains établissements seront bientôt en cessation de paiement

 

http://www.laprovence.com/media/imagecache/article-taille-normale/hermes/2012-05/2012-05-18/20120518_1_6_1_1_0_obj1329720_1.jpgEn Grèce, les malades cancéreux achètent eux-mêmes leurs médicaments en pharmacie et les payent de leur poche. Las d'accumuler les factures impayées, le laboratoire pharmaceutique Roche ne fournit plus les hôpitaux. Le groupe envisage de prendre des mesures similaires contre d'autres pays, dont l'Espagne.

 

En France, on n'en est pas encore là. Mais pour combien de temps ? À en croire la Fédération

Malgré la crise, le chantier du BMT de la Timone à Marseille se poursuit.

Ce n'est pas le cas pour le génopole, dont les travaux ont été gelés.

Photo Nicolas Vallauri

 

hospitalière de France (FHF) , qui regroupe plus d'un millier d'hôpitaux publics, les deux tiers des établissements de santé vont sous peu se retrouver en cessation de paiement. "Pas assez de recettes pour honorer ses dépenses, techniquement cela s'appelle une faillite", simplifie Thierry Acquier, délégué régional de la FHF en Paca. Et si, statutairement, un hôpital ne peut pas être mis en faillite, les conséquences de cette crise financière se font déjà sentir : partout en France, des chantiers hospitaliers prévus en 2012 sont à l'arrêt. L'achat d'équipements médicaux a été différé.

 

Plus inquiétant encore : "Certains directeurs ont du mal à assurer les dépenses courantes, à payer les fournisseurs et parfois même à verser les salaires des personnels", indique la FHP.

 

Sous perfusion bancaire

 

À l'origine de ce "krach" hospitalier, la fermeture du robinet de financement que représentait la banque publique Dexia, le prêteur historique des hôpitaux démantelé à l'automne dernier pour cause d'empoisonnement aux emprunts toxiques. Depuis, les banques de détail ne se bousculent pas pour prendre le relais. Laissant sur la paille des hôpitaux publics déjà étranglés par les contraintes budgétaires. Faute de crédit bancaire, il leur manquerait plus de 2 milliards d'euros cette année, soit 50 % de leurs besoins. Non seulement pour financer les investissements à moyen et long terme, mais aussi pour boucler le fonctionnement courant. "De nombreux établissements, en déficit structurel depuis des années, avaient recours à l'emprunt pour boucler leur trésorerie", explique Thierry Acquier. Une perfusion bancaire brutalement retirée avec l'explosion de Dexia.

 

http://www.monsieurlepresident.eu/wp-content/themes/Broadcast/thumb.php?src=http://www.monsieurlepresident.eu/wp-content/uploads/2012/04/endettement.png&w=581&h=252&zc=1&q=100

pour plus d'info sur la carte clic ici !!!

 

Stoppé net dans cette fuite en avant, l'hôpital de Briançon, dont le taux d'endettement est voisin de 20 %, est menacé de banqueroute. Celui d'Aubagne sait déjà que pour être en capacité de verser ses salaires, il ne paiera pas ses charges sociales (lire ci-dessous). Et quand l'hôpital va mal, rien ne va plus : BTP, fournisseurs, administration fiscale, toute l'économie est ralentie.

 

Cercle vicieux

 

Très inquiète de cette situation, la FHF réclame la création rapide d'une banque publique d'investissement, qui prendrait le relais de Dexia auprès des hôpitaux et des collectivités territoriales. Un dossier qui n'a pas encore reçu le feu vert de Bruxelles. En attendant, la FHF demande à ses adhérents de ne plus lancer des projets d'investissement qui ne sont pas complètement financés. "Mais cela n'est pas viable dans la durée. Car un hôpital qui n'investit pas, qui ne rénove pas ses bâtiments, qui n'achète pas de nouveaux équipements court à sa perte", souligne Thierry Acquier.

 

Si les grosses structures, comme l'AP-HM parviennent à sauver les meubles, grâce notamment à l'émission d'emprunts obligataires lancés avec d'autres CHU, les petits hôpitaux s'engouffrent dans un cercle vicieux: moins d'investissements, moins de recettes, plus de dette… : cette spirale pernicieuse qui menace aujourd'hui toute l'économie européenne.

 

A Aubagne, salaires ou charge : il faut choisir

 

Huit mois. C'est le délai moyen de paiement des fournisseurs du centre hospitalier d'Aubagne. De quoi plomber les trésoreries de ces entreprises, souvent des PME. "La réglementation nous impose de régler nos factures dans les 50 jours. Mais nous ne pouvons pas faire autrement. Et cela va s'aggraver", explique Alain Teissier, le directeur de l'établissement, qui ne parvient plus à joindre les deux bouts. Faute de crédits bancaires, l'hôpital a renoncé à des investissements : travaux d'entretien des bâtiments, remplacement d'ascenseurs vieux de 40 ans, renouvellement de certains équipements médicaux. "Cela représente 1,5 million d'euros, ce qui n'est pas une somme faramineuse. Nous avons fait la tournée des banques. Aucune n'a accepté de nous prêter le moindre centime", fulmine le directeur.

 

Mais l'urgence à Aubagne, c'est d'assurer la paye du personnel et d'honorer les factures des fournisseurs. L'hôpital va devoir différer le versement de ses charges sociales et fiscales. Avec, à la clé, des pénalités de retard qui vont alourdir ses dépenses. Endetté à plus de 8 % de son budget, l'établissement qui ne dispose plus de capacité d'autofinancement, vivait jusqu'à présent sous perfusion bancaire. En 2011, l'hôpital d'Aubagne a néanmoins gagné 4,5 % d'activité. Mais sans investissement pourra-t-il continuer à faire face à la concurrence féroce de la clinique privée voisine (La Casamance), et à la proximité de l'offre médicale marseillaise ?

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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 20:51

C’est peut-être le scandale financier du siècle. Un des coupables, la banque UBS, a lâché le morceau. Les plus grandes banques du monde se seraient entendues pour manipuler le Libor, le principal taux d’intérêt de la planète finance. Il y en aurait pour des milliers de milliards de dollars.

 

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«Libor» : l’acronyme ne vous dit peut-être pas grand-chose. Derrière ces cinq lettres se cache pourtant l’un des plus grands scandales financiers présumés de l’histoire. Plusieurs grandes banques internationales sont soupçonnées d’avoir manipulé le London Interbank Offered Rate (Libor en abrégé) afin de camoufler leurs difficultés de financement lors de la crise financière.

 

Parmi elles, que des grands noms de la finance mondiale : Bank of America, Barclays, Citibank, Crédit Suisse, Deutsche Bank, HSBC, JP Morgan, Royal Bank of Scotland, UBS… L’enjeu est colossal. Le Libor est étroitement lié au fonctionnement de l’un des plus grands marchés monétaires du monde : le marché interbancaire (celui où les banques se prêtent entre elles), dont la taille est estimée à 90.000 milliards de dollars.

 

Dans le collimateur de plusieurs autorités de contrôle (aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, au Japon et en Suisse, notamment), ces établissements financiers appartiennent en fait au «club» des 16 banques qui participent à la fixation quotidienne du Libor, le taux interbancaire offert à Londres.

 

«Trafiquer» le niveau réel du Libor peut avoir des conséquences considérables sur les coûts de financement des entreprises et des particuliers. Crise ou pas, «la manœuvre est double, souffle un vieux briscard de la finance internationale. Il s’agit de tirer vers le bas les taux à court terme sur les dépôts tout en gonflant les taux à plus long terme pour les grands crédits syndiqués aux entreprises.» Sans oublier que tirer les taux à court terme vers le bas permet de se refinancer à bon compte tout en rassurant les marchés sur sa solidité financière. Intéressant quand on a de gros besoin de liquidités.

 

L’opacité qui entoure cette affaire de manipulation de taux témoigne de l’âpreté du combat mené à Londres pour éviter toute régulation. Face aux récentes propositions de directives européennes visant à maîtriser la finance de l’ombre, les banquiers anglo-saxons resserrent les rangs.

 

Pour en savoir plus: clic ici !!!

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 10:41

600 milliards d’euros : c’est la somme astronomique qui se cache depuis des décennies dans les paradis fiscaux, soit près de 10% du patrimoine des Français. Comment cette évasion fiscale massive a-t-elle été rendue possible ? Et pourquoi l’évasion de ce patrimoine fait-elle l’objet d’une telle omerta judiciaire, alors que les institutions de contrôle, la police, la justice, la douane, les services de renseignements, etc. en possèdent l’essentiel des preuves ? Quand on connaît la situation des comptes publics de la France, la question mérite d’être posée…

 

Exploitant une somme impressionnante de données ultraconfidentielles, l’auteur de ce livre met pour la première fois au jour l’étendue, les circuits, les mécanismes secrets de cette gigantesque fraude fiscale. Il montre quelles techniques sophistiquées - et parfaitement illégales - utilise une grande banque étrangère pour opérer sur le territoire français, pour approcher les fortunes privées, celles du showbiz, du sport et des affaires.

S’appuyant sur des témoignages exceptionnels, il révèle comment s’organise l’impunité de tous ceux qui participent à ce système qui soustrait à la France une part colossale de sa richesse nationale. Où l’on croise alors d’autres réseaux et circuits de financement, politiques cette fois…

 

Antoine Peillon est grand reporter à La Croix.

 

Comment UBS organise une fraude fiscale massive à partir de la France

 

Bénéficiant d’informations de toute première main il montre comment la banque suisse UBS organise depuis la France un système massif d’évasion et de fraude fiscale vers les paradis fiscaux. A lire absolument.

 

http://banques-rachat-credit.fr/rachat-de-credit/fraude-fiscale-en-france.jpg

 

Afin de mettre en contexte les informations incroyables auxquelles il a eu accès, le journaliste a croisé différentes sources bien informées pour estimer à 590 milliards d’euros l’ensemble des avoirs français dissimulés dans les paradis fiscaux, dont 220 milliards appartenant aux Français les plus riches (le reste étant le fait des entreprises). Environ la moitié de ce total (108 milliards) seraient dissimulés en Suisse, la dernière décennie voyant fuir environ 2,5 milliards d’avoirs par an. Depuis 2000, UBS France aurait soustrait en moyenne 85 millions d’euros au fisc français chaque année, ce qui montre son importance, mais souligne également combien d’autres établissements bancaires, y compris français, participent à ce genre d’activités.

 

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQ7TRgUoIHAYKW1_kk4LXqPJn9X7lGGc6Pa7Kwd0ML_cF6BcmFgmw Sous certaines hypothèses, ces donnés l’incitent à estimer à 30 milliards d’euros le manque à gagner de recettes fiscales du à la fraude internationale, soit un peu plus de 10 % du total des recettes. De son côté, la Commission européenne estime l’importance de la fraude fiscale de l’ordre de 2-2,5 % du PIB des pays européens, soit pour la France de l’ordre de 40 à 50 milliards d’euros au total dont 15-20 milliards de fraude internationale.

 

Comment fait la banque UBS pour mener ses opérations sur notre territoire ? Environ 120 chargés d’affaires suisses seraient présents clandestinement en France pour démarcher les grosses fortunes françaises, ce qui est rigoureusement interdit par la loi mais réalisé, d’après Antoine Peillon, en toute connaissance de cause par la maison mère en Suisse. Chaque commercial est muni d’un document, le manuel du Private Banking, « véritable guide en évasion fiscale ». Afin d’être rémunéré en proportion du chiffre d’affaires qu’ils rapportent, les commerciaux sont bien obligés d’enregistrer à un moment ou un autre leurs transactions. Ils le font dans une comptabilité cachée baptisée « carnets du lait » que l’on peut trouver dissimilés dans des fichiers Excel intitulés « fichier vache ». On aura compris l’analogie : la France est une vache fiscale dont il faut traire le lait…

 

Les commerciaux présents en France utilisent les mêmes techniques que celles mises en évidence par la justice américaine : UBS organise des évènements mondains auxquels ils invitent clients et prospects. Dans les documents récupérés par Antoine Peillon on trouve parmi les clients les noms de footballeurs connus, et même d’un haut responsable du football international pour lequel une commerciale note après un rendez-vous à Monaco en 2002 que l’entretien fut « long et difficile, mais fructueux », ou encore un navigateur, un auteur réalisateur de cinéma et… Liliane Bettencourt. Celle-ci est tout bonnement accusée d’avoir enfoui vingt millions d’euros, entre 2005 et 2008, à l’occasion de transferts entre la France, la Suisse et l’Italie par l’intermédiaire de comptes UBS et BNP Paribas, avant de finir, affirme l’auteur, dans des enveloppes remises à des personnalités de droite.

 

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Antoine Peillon lance de nombreuses et graves accusations dans ce livre. Mais il est sûr de ses sources : des cadres écœurés d’UBS en France, en Suisse et des services secrets français. Les preuves dont ils disposent ont visiblement été transmises à plusieurs autorités de régulation, dont l’Autorité de contrôle prudentiel en charge de la surveillance du comportement des banques. Le parquet a été saisi mais ne bouge pas, assurant une forme de protection aux gros fraudeurs. C’est pour lever cette impunité que le journaliste a décidé d’écrire ce livre. Il faut le lire et le faire connaître, pour la démocratie.

 

Ces 600 milliards qui manquent à la France. Enquête au coeur de l’évasion fiscale, Antoine Peillon, Seuil, 2012.

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